lundi 13 décembre 2010

LA "PARTIS-ÂNERIE" DE MARIE CINQ-MARS

Le 6 décembre dernier, si vous n’avez pas assisté à l’assemblée du conseil d’arrondissement du Plateau Mont-Royal, vous avez raté une méchante occasion de cerner l'exceptionnelle personnalité de la mairesse Marie Cinq-Mars.

Ce soir-là, il a suffi de l’intervention d’un commerçant de la rue Laurier pour que toute l’assistance prenne la mesure de la légèreté, de l’inconsistance et de la «partisânerie» de la première (?) dame d’Outremont. C’était pathétique et gênant.

Imaginez. Des commerçants, gros et petits, font des pieds et des mains pour entreprendre une revitalisation de la rue Laurier, du boulevard Saint-Laurent au Chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Que voilà une belle initiative.

Pour la période des Fêtes, ces commerçants (qui ont pignon sur rue tant du côté du Plateau que d’Outremont) souhaitaient une uniformisation des décorations de Noël.

Certains de ces négociants sont donc allés présenter leur plan de décoration aux deux arrondissements. C’était tout ce qu’il y a de plus logique. Après tout, ne scande-t-on pas «Une île, une ville»?

Comment a réagi la mairesse d’Outremont à cette proposition? Plutôt que de respecter les vœux de ses commerçants, Marie-Antoinette Cinq-Mars a sauté sur l’occasion pour faire un power trip de petit potentat frustré.



Cliquer sur le triangle ci-haut pour voir la vidéo (7 minutes) du témoignage d'un commerçant et d'Alex Norris, le 6 décembre 2010.

Pas question que la mairesse se laisse damer le pion par les élus du Plateau. Elle s’est occupée elle-même de passer un sapin à ses adversaires du Plateau en donnant l’ordre aux cols bleus d’Outremont d’installer des sapins plus beaux, plus hauts et plus magnifiquement éclairés que ceux de ses rivaux du Plateau. Tiens, toé! Pour Cinq-Mars, la devise serait-elle «Une île, une fille»?

Du côté du Plateau, les élus de Projet Montréal s’étaient pourtant montrés favorables à la requête des commerçants de la rue Laurier. Alex Norris, le conseiller de la Ville (Mile-End) avait même pris la peine d’accompagner des commerçants de la rue Laurier à une séance qui s’est tenue à l’Hôtel de Ville d’Outremont.

Mal lui en prit, car Marie Cinq-Mars l’a reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Alex Norris, lui-même, ne s’attendait pas à une telle réception. «Je pense, a-t-il dit, que tout le monde a été un peu étonné de l’attitude de la mairesse d’Outremont qui a d
éploré que j’avais [sic] été invité à cet événement.».

C’est drôle, mais... quand il s’agit de manigancer un «comité bicéphale Outremont-Le Plateau» pour faire renaître de ses cendres le tristement célèbre comité sur les relations intercommunautaires destiné à satisfaire les quatre volontés d’un nabab hassidique, la Mère supérieure d’Outremont perd soudainement son air gribiche et se montre pas mal moins sainte-nitouche!

C'est à en perdre son yiddish!


Cliquer sur la caricature pour zoomer

dimanche 5 décembre 2010

D'ACCOMMODEMENTS ET DE LAÏCITÉ PASSOIRE

Le 20 octobre 2010, un lobby voué à favoriser et promouvoir les intérêts de la communauté orthodoxe et hassidique participait à un débat devant une commission parlementaire de l’Assemblée nationale du Québec. Il s’agissait d’une première sur la colline du Parlement.
Craignant comme la peste que le gouvernement du Québec ne force les ultrareligieux à prendre des cours de conduite aux côtés d’examinateurs du sexe opposé, que l’égalité homme/femme ne prime sur la liberté de religion, que la kippa ne prenne le bord comme les crucifix et les hidjabs dans l’administration gouvernementale, le Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires du Québec (COJRCQ) défendait son mémoire contre l’adoption du projet de loi 94.

Au même moment, à Montréal, le Centre des sciences présentait (et présente toujours) Sexe, l’expo qui dit tout! Grâce à une cinquantaine de jeux interactifs, de vidéos et de produits multimédias, garçons et filles de plus de 12 ans obtiennent des réponses franches à une centaine de questions qui leurs brûlent les lèvres : l’orientation sexuelle, l’âge du premier baiser, le développement des seins, les premières menstruations, la biologie des caresses, le mécanisme de l’érection, le rôle des fantasmes et quoi encore.

S'il vous plaît, rassurez-moi. T
out ce beau monde habite-t-il la même galaxie?
Flanqué du rabbin Moshe Martin Glustein et de l’intégriste hassidique Max Lieberman, Me Lionel Perez
a sonné la charge destinée à établir les balises encadrant les demandes d’accommodements dans les services gouvernementaux et dans certains établissements. On comprend aisément toute l'horreur que ressentent les orthodoxes juifs et les hassidim à l'idée que l'État pourrait refuser à une fonctionnaire islamiste de porter le niqab sur les heures de bureau.Dans la vidéo officielle de l'Assemblée nationale du Québec, M. Perez - qui est qualifié de «président du COJRCQ» - n'a pas manqué de rappeler que «L'histoire a démontré au peuple juif et à d'autres que dès qu'on légifère pour cibler un groupe de personnes à cause d'une certaine différence, cela peut dégénérer vers un chemin que l'on voudrait éviter.»

Quoi?
Le gouvernement Charest se serait-il inspiré d'un passage de Mein Kampf pour rédiger le projet de loi 94? Non, mais quoi encore? Allez donc revisionner Defamation, le documentaire du jeune cinéaste israélien Yoav Shamir qui raconte que l’antisémitisme est une industrie qui tourne à plein régime. Son documentaire a justement été diffusé la semaine dernière aux Grands Reportages sur RDI. Vous le trouverez dans ma chronique du 14 octobre dernier.

Il est assez ironique d'entendre Me Lionel Perez (qui est aussi le conseiller municipal d'Union Montréal du district de Darlington -
invoquer la Charte des droits et libertés de la personne et parler d'entorse à la liberté de religion dans le cas du voile intégral. Rappelez-vous. Pas plus tard que le 15 juin 2010, le conseiller de Ville Alex Norris s'était présenté sans sa cravate à l'assemblée du conseil municipalEn chambre, ce même Lionel Perez  avait déchiré sa chemise publiquement. Oh! Blasphème. M. Norris ne portait pas le nœud coulant sous sa pomme d'Adam.


  Pour ne pas froisser la liberté de religion et pour empêcher que l'on refoule une fonctionnaire qui ne présente que deux trous pour les yeux, Lionel Perez se battrait jusqu'en Cour suprême. Mais pour un élu municipal qui croit sincèrement que la cravate ne fait pas le moine, Perez était prêt à réclamer son expulsion manu militari (voir la vidéo de l'incident vestimentaire). Cherchez la logique là-dedans.

Le COJRCQ est beaucoup mieux connu sous l’acronyme anglais JOCC. Question de vous rafraîchir la mémoire, le JOCC est ce groupe de lobbyistes ultraorthodoxes qui, en 2005, avait offert un voyage au rabais à New York à des fonctionnaires municipaux d’Outremont, dont un conseiller élu, un prétendant au poste de conseiller municipal, un lieutenant de police, un directeur de la Sécurité publique et j’en passe. Tout ce beau monde avait même été reçu à bras (et à bar !) ouverts à l'hôtel new-yorkais du célébrissime Michael Rosenberg.
À l'époque, tout comme aujourd'hui d'ailleurs, Michael Rosenberg est l'un des principaux administrateurs du JOCC. Ce n'est que peu de temps avant de se présenter devant la Commission des institutions que le groupe de lobbyistes a entrepris d'élargir ses rangs en y ajoutant une ribambelle d'administrateurs et, semble-t-il,un président en la personne de M. Perez.


Dans un article publié à la suite de sa victoire électorale de 2009, le Canadian Jewish News indique, entre autres, que M. Perez est membre de l’exécutif de l’école Yeshiva Gedola. Deux articles du quotidien Le Devoir publiés le 4 juin 2009 et le 5 juin 2009 signalent que cette même institution fait partie de la liste des écoles récalcitrantes qui ne respecteraient pas le régime pédagogique du ministère de l'Éducation.

Entre vous et moi, si mon dossier contenait ce genre de taches et qu'il fallait que je me présente sur la colline parlementaire pour plaider ma cause d'accommodements religieux et de laïcité passoire, je pense que je réclamerais moi aussi que la burka soit permise. Je me cacherais dessous pour être bien certain que personne ne puisse me reconnaître sur la rue!

jeudi 2 décembre 2010

2007 - 2010 : TROIS ANS D'INDIGNATION

Il y a exactement trois ans aujourd'hui, le 2 décembre 2007, j’inaugurais ce blogue, sans tambours, ni trompettes. À l’époque, je croyais que ce ne serait qu’une histoire de quelques mois tout au plus. Jamais je n’aurais imaginé une seule seconde franchir un jour le cap des 235 chroniques.

Eh! Bien, voilà, c’est fait!
Pour célébrer ce troisième anniversaire, je m’en voudrais de ne pas rendre à César ce qui appartient à César.

Sans les accointances, les complicités et les courbettes électorales, sans les bourdes et les bévues, sans les cafouillages, les contradictions et les dérapages, sans le «
give & take», le grenouillage, les magouillages et la mauvaise foi, sans la sottise et le mépris grossier d’un bon nombre d’acteurs qui sous-estiment le bon peuple, rien de ce que vous avez pu lire et de ce que vous pourrez encore apprendre dans ce blogue n’aurait vu le jour.

Sans les Marie Cinq-Mars et Louis Moffatt, sans les feux Stéphane Harbour et Claude B. Piquette, sans les Pierre Beaudet et Pierre A. Chapuis, sans les Gérald Tremblay, Helen Fotopulos et Richard Bergeron, sans les Jean Charest, Michelle Courchesne et Lucien Bouchard, sans les Thomas Mulcair et Stephen Harper, sans les aplaventristes, les politiquement corrects et les multiculturalistes « coast to coast », sans les Martin Patriquin et Pierre Anctil, sans les Julius Grey, Michael Rosenberg, Alex Werzberger, Mayer Feig, Max Lieberman et leurs suites, cette grande aventure n’aurait jamais franchi le cap des 1000 jours de rebondissements. Aussi, je m’en voudrais de ne pas les remercier pour leurs «généreuses contributions»!

Comment enfin ne pas exprimer ma gratitude à tous les citoyens et toutes les citoyennes du Plateau, d’Outremont , d’ailleurs au Québec et jusqu'en Israël qui, tantôt très ouvertement, tantôt en toute discrétion, me sont venus en aide.

Pour cette cause qui est la vôtre, vous m’avez prodigué encouragements, soutien moral et, quand il le fallait, appui financier. Plusieurs sources se sont fait un devoir de me refiler une foule de renseignements et de documents précieux. Qu’ils m’aient été transmis de bouche à oreille, de main à main (parfois même dans des enveloppes brunes!), ou par le truchement d’Internet, ils m’ont permis d’étoffer, d’enrichir et de contre-vérifier les faits et les propos que j’avance dans ces pages. Je nous souhaite de nous retrouver encore plus nombreux lorsque nous soufflerons la quatrième bougie d’anniversaire de ce blogue.

Si vous me le permettez, je souhaiterais rendre un hommage posthume à Mme Simone Rouillard. Cette citoyenne d’Outremont dont j’ai appris tardivement le décès m’a toujours assuré de son appui et m’a aidé chaque fois qu’elle l’a pu, en dépit de la maladie qu’elle combattait courageusement. Elle aurait été heureuse de lire l'article du Point d'Outremont paru aujourd'hui même. Merci 1000 fois, Simone.

mardi 23 novembre 2010

LA CHUTE DES TITANS?

Hier matin, pour une troisième fois en autant de mois, j’étais assigné à la Cour du Québec. Suis-je donc un vilain criminel? Un délinquant récidiviste? Un ennemi public à qui il faut passer la camisole de force? Woe! Les moteurs. On respire par le nez, s’il vous plait!

Je comprends que lorsque vous avez lu votre journal en buvant votre café, ce matin, vous ayez pu vous dire « Hey, chérie, viens voir ça. T’sé Lacerte, le gars qui reste sur Hutchison, y’é accusé de harcèlement au criminel. Sak! Y’é-tu tombé s’a tête? »

Moi aussi, si je lisais :
«Bien qu'il fasse l'objet d'une poursuite civile et d'une plainte criminelle, Pierre Lacerte continue de photographier le leader de la communauté hassidique montréalaise, Michael Rosenberg, et son fils Martin, lorsque ces derniers vont prier dans une synagogue d'Outremont», je ne pourrais pas faire autrement que de me poser des questions sur mon comportement ou sur ma santé mentale. Sauf que...

Sauf que cette fameuse plainte criminelle qu’avait portée M. Rosenberg contre moi, le procureur de la Couronne ne l'a jamais acceptée. Il l’a rejetée il y a déjà très très longtemps. Si bien qu’au moment où vous lisez ces lignes, je ne suis sous le coup d’aucune plainte ou accusation criminelle.

Qui d’entre vous l’aura compris en lisant l’article publié dans le journal, ce matin? Personne. Et je tiens à vous rassurer tout de suite, ce n’est pas parce que vous êtes niaiseux que vous n’avez pas compris. La phrase est conjuguée au subjonctif présent, ce qui signifie que selon le journal, la plainte criminelle est toujours active et que je pourrais encore être accusé de harcèlement. Or c’est faux! Archi faux! Totalement faux! Si j'affronte toujours les Rosenberg devant les tribunaux, c'est simplement parce que le juge de la Cour du Québec doit déterminer si, par mesure préventive, il y a lieu ou non d'émettre une ordonnance de garder la paix.


Vous remarquerez aussi que les allégations les plus préjudiciables que M. Rosenberg fait sur mon compte sont présentées sans guillemets, comme s’il s’agissait de faits établis. Ainsi, je le prendrais en photo quand il va prier dans une synagogue d’Outremont, c'est-à-dire deux fois par jour, sauf le dimanche. Avouez que dit comme ça, j’ai l’air d’un bel écœurant qui s’en prend à un pieux homme simplement parce qu’il va se recueillir au temple.

Dans le journal, on ne dit pas non plus Prétendant craindre pour sa sécurité et celle de sa famille, mais bien Craignant pour sa sécurité... et celle de sa famille, Michael Rosenberg... s'est tourné vers les tribunaux pour empêcher Pierre Lacerte de l'approcher. On se garde bien de rajouter que durant toute la journée, hier, mes témoins et moi avons prétendu tout le contraire, soit que c’est M. Rosenberg et son fils qui ont eu l’audace de venir m’intimider chez moi, à ma propre résidence (cliquer ICI et ICI). Un détail négligeable, bien sûr.

Pas de guillemets non plus quand le président de l’empire Rosdev me qualifie de raciste. En revanche, lorsque je dis, preuves à l’appui, que le puissant dirigeant de la secte hassidique et son fils commettent des actes illégaux ou procèdent à des travaux illégaux pas seulement dans cette synagogue qui se trouve pile-poil devant chez moi, les guillemets sont utilisés comme des gilets pare-balles. Tout le monde sait que c’est beaucoup plus grave pour un journal de se faire poursuivre pour avoir parlé de travaux illégaux que pour avoir traité quelqu’un de raciste et d’antisémite, n’est-ce pas?

Bref, faut faire avec, semble-t-il. De toute façon, ce qui importe, à la fin, c’est que vous sachiez que je ne suis pas un criminel, que je ne suis accusé d’aucun crime, quel qu’il soit et que ce que je place sur ce blogue est documenté, véridique et vérifiable. Écoutez l'entrevue que j'ai accordée à Benoît (alias Robert!) Dutrizac cet après-midi à son émission La puissance des mots.

Et si, un jour, on devait m’accuser de quelque chose, ce serait d’avoir utilisé mon droit à la liberté d’expression et à m’indigner devant le laxisme dont font preuve les autorités gouvernementales à l’égard des synagogues et des écoles illégales, des autobus clandestins, de l’annulation de constats d'infraction, de travaux illégaux et de non-respect des permis de construction. C’est sans parler, bien sûr, de l’intimidation, des menaces et du vandalisme dont sont victimes des citoyens et citoyennes qui dénoncent les abus et qui revendiquent leurs droits de façon légale et légitime.

En attendant que la Cour du Québec tranche, à savoir qui, de M. Rosenberg ou de moi, a des raisons légitimes de craindre l’autre, je ne peux vous cacher comment mon subconscient imagine l’issue de cette saga judiciaire. Voici ce que le capteur de rêves installé au-dessus de mon lit a attrapé dans son filet la nuit dernière.

 
Cliquer ICI pour voir l'interprétation du tableau La chute des Titans, de Cornelis Cornelisz van Haarlem.

P.-S.: Lors de son témoignage à la Cour du Québec, Michael Rosenberg a donné sa définition d'un antisémite: «Dans le dictionnaire, dit-il, c'est le fait de s'en prendre à une personne juive».

OUPS! Est-ce à dire qu'un homme comme Sydney Pfeiffer, ex-conseiller municipal dans Outremont, n'aurait pas dû être condamné pour une fraude de 1,25 M$ parce qu'il est juif ultraorthodoxe?

Ciel alors! Allons vite aviser le juge qui l'a trouvé coupable. Il faudrait qu'il détricote son jugement avant de se faire traiter d'antisémite.


jeudi 18 novembre 2010

LA CHARTE DE BABEL


En occident, partout où l’on a voué un culte au multiculturalisme, on s’aperçoit aujourd’hui qu’il s’est avéré un terreau fertile pour la ghettoïsation, le repli communautaire et l’extrémisme religieux. Oubliez l’égalité homme/femme, l’intégration sociale, professionnelle et culturelle des nouveaux (ou moins nouveaux) venus. C’est le royaume des exceptions, des passe-droits, de la loi des prophètes (et du Talion) qui gagne la sphère publique et les prosélytes.

Alors que des Guy Rocher, Djemila Benhabib, Daniel Baril, Claudette Carbonneau, Jacques Godbout, Marie-Michelle Poisson, et d’innombrables autres personnalités québécoises prônent la laïcité
«tout court
», des tenants de la complaisance béate et de l’allocentrisme suprême besognent pour que tous les cultes — du vaudou à Vishnou — puissent revendiquer la Charte de Babel. Le 8 novembre dernier, au Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions de l’Université Laval (CELAT), Pierre Anctil donnait une conférence intitulée «Judaïsme hassidique et laïcité dans l'espace public à Outremont».

Pierre Anctil, le 8 novembre 2010

Affublé d’un sombre feutre à la loubavitch, le professeur titulaire au département d’histoire de l’Université d’Ottawa a profité de la tribune universitaire pour prêcher la laïcité ouverte qu’il oppose à ce qu’il qualifie malicieusement de « laïcité intégriste ».


Inspiré par les manuscrits de la mer Morte et la littérature yiddish montréalaise, Pierre Anctil a voulu montrer que la « laïcité ouverte et inclusive » peut servir d’étoile des Mages à tous les citoyens désireux de profiter d’un « vivre en commun pleinement satisfaisant et stimulant ». Cliquer ICI
pour accéder à la vidéo de cette conférence.
 
Aux dires d’Anctil, les hassidim sont tout à fait ouverts à la laïcité. «Maintenant que la société laïque est détachée des poncifs religieux, dit-il, ça leur donnera plus d’espace pour occuper une position minoritaire à l’intérieur de cette société.» En deux mots, maintenant que le catholicisme n’exerce plus son hégémonie, les bonzes de l’ultraorthodoxie ont les coudées franches. Ils vont enfin pouvoir exulter et proliférer sans retenue. Avouez que c’est un vibrant plaidoyer pour la laïcité. On sent chez lui que la laïcité est une «valeur de foi trempée», comme on entamait jadis.

Pierre Anctil tient aussi à rassurer ses auditeurs sur un autre point essentiel. Ses protégés louangent notre système démocratique. La raison est simple. «Les droits fondamentaux et les droits de la personne jouent en leur faveur, explique tout bonnement le professeur. Ils [les hassidim] se servent de ces droits pour poursuivre l’État ou les gouvernements qui tentent de limiter leurs actions.» Et ça marche. La preuve, raconte Anctil, c’est que «la plupart du temps, les hassidim ont gain de cause». Vive la démocratie théocratique et frileuse!

Pierre Anctil ne cache pas où il loge. «Je suis contre la hiérarchie des droits. Je ne souhaite pas que l’égalité des sexes prime sur la liberté religieuse.» Comment réagit-il devant la stricte division entre les sexes prônée par les intégristes de tous poils ? Tout au plus, le fait qu’un homme ne puisse pas saluer une femme sur la rue, qu’il ne puisse pas s’asseoir ou prier en sa présence l’indiffère. Il se limite à constater et à prendre acte du fait que dans leur société, hommes et femmes sont programmés pour accomplir des tâches différentes et bien spécifiques. Il ne lui reste plus qu’un pas à franchir pour s’accommoder de l’infibulation.


Alors que les ultrareligieux ont le droit divin de se hérissonner pour contrer les influences extérieures, en revanche, Anctil estime que les citoyens d’une démocratie ont «le devoir et l’obligation de s’informer sur ce qui motive ces communautés à agir différemment et à occuper l’espace de manière particulière, plutôt que d’alimenter des tensions et de maintenir des préjugés ». Sortez les fouets et les cilices qu’on s’automutile!

Parlant de châtiments, Pierre Anctil explique que les hassidim ont une martyrologie particulière qui ne se limite pas à l’holocauste. « [Pour eux], le rapport avec l’extérieur est difficile, car [ils attendent] une persécution qui peut arriver n’importe quand. »
Comment penser qu’un début de rapprochement soit même envisageable quand on apprend que «l’autre» fait ses ablutions dans un bain de psychose collective?

Et ce n’est pas demain que ça va s’arranger.

Pour s’en convaincre, il suffit de cliquer ICI
pour prendre connaissance du message vidéo hallucinant que diffuse la Ligue de défense juive américaine (JDL).


En prévision de la prochaine apocalypse qui, selon les leaders schizophréniques du JDL, s’abattra vraisemblablement sur ses ouailles en perdition, le mot d’ordre de Shelley Rubin, la présidente du JDL, est simple :
«Fuyez vers Israël ou achetez-vous des armes maintenant». Beau programme !


mardi 9 novembre 2010

L'ATOMISATION DES MASSES

Quand ils ont besoin de montrer aux autorités goyim qu’ils pèsent lourd dans la balance électorale, les dirigeants hassidiques se tiennent les coudes jusqu’aux épaules. Dans ce temps-là, les amis, il n’y a plus de Bobov, de Belz, de Satmar, de Vizhnitz, de Skver, de Spinka, de Ger, de Munkacz, de Klausenburg, ni de Puppa. Les Hommes en noir ne forment plus alors qu’un seul et unique noyau dur, indissociable, indestructible.

Nos élus y voient une telle boule d’énergie tellement dense qu’ils se sentent comme des quilles vacillantes au fond d’une longue allée qui rétrécit. Ils sont tellement convaincus que la boule noire va leur passer dessus et faire un abat, qu’ils se jettent d'eux-mêmes dans le dalot. « OK! OK! Fâchez-vous pas. On va faire tout ce que vous demander et plus! Mais pitié, lancez-pas votre boule contre nous. On n’aime pas ça, L’heure des quilles. » Et vous savez quoi? Ça marche à tout coup.

Cliquer sur la photo pour le détail

D’autres fois, quand le sourd grondement de l’opinion publique se fait entendre et que les fumerolles d’impatience commencent à sortir d’entre les craques d’asphalte ou des nids de poules, les dirigeants hassidiques usent de la technique inverse.

Pour rassurer le petit peuple païen, les intégristes purs et durs s’inspirent de la fission nucléaire. D’un seul coup, ils s’atomisent. Pouuuuf! La grosse boule noire menaçante se désagrège en milliers de petites grenailles barbues. Il ne reste plus que d'
insignifiantes nanoparticules Bobov, Belz, Satmar, Vizhnitz, Skver, Spinka, Ger, Munkacz, Klausenburg et Puppa perdues dans les confins de l’univers. Et vous savez quoi? Ça marche aussi bien que l’autre approche.

Les élus reçoivent et transmettent alors l’impression que la menace s’est volatilisée. Mieux! Elle n’a jamais existé. Les Cinq-Mars, Tremblay et Charest de ce monde se décarcassent pour expliquer à leur bon peuple qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Du favoritisme? Ben, voyons donc! « C’est pas des passe-droits que vous avez vus, chers très petits électeurs. Vous avez été victimes d’hallucinations laïques. » Alors, nos zélés élus se remettent à distribuer les faveurs religieuses comme des bonbons d’Halloween.

Cliquer sur la photo (non truquée!)

Combien de fois n’avons-nous pas été témoins de cette façon qu’ont les ultrareligieux de se faire tout petits petits quand ça les arrange?

Prenez les Bobov du 5363 Hutchison, par exemple. Ces trois dernières années, dans l’espoir qu’on leur permette d’agrandir leur synagogue dans cette zone strictement résidentielle, ils ont même fait croire aux élus qu’avec 6,3 enfants par femme en âge de procréer, leur communauté est en pleine décroissance démographique et que, par conséquent, après l’agrandissement, il y aura de moins en moins de bruit et d'achalandage. Le plus surprenant c’est que les élus nous resservent à leur tour cet argument stupéfiant dans l’espoir de nous anesthésier. Faut le faire.

Lorsqu’il a été interviewé à la télé pour plaider sa cause, le 9 juillet 2008, Moshe Englander a voulu nous faire avaler qu’il n’y aura pas de club échangiste dans sa nouvelle synagogue. « Même après les rénovations, jure-t-il, une personne qui n’est pas de la secte hassidique Bobov ne viendra pas dans la synagogue ». L’honneur est sauf, et la décence, donc. C’est intéressant d’apprendre que chaque petite sous-secte est imperméable aux autres sous-sectes hassidiques. Mais plutôt que d’en débattre, rejetez donc un petit coup d’œil aux photos de cette chronique. Vous verrez qu'il y a une promiscuité patente entre les sous-sectes.

Cliquer sur la photo


Je parlais d’Halloween un peu plus haut. Vous auriez dû voir la face de Carême de Marie Cinq-Mars à l’assemblée du conseil d’Outremont du 1er novembre. C’était pas beau à voir. Et ce n’était pas parce qu’on entamait le mois des morts...

La veille, le 31 octobre, une famille du clan Satmar de la rue Querbes qui s’était saignée pour offrir une nouvelle Torah à la synagogue Satmar du 5555, rue Hutchison avait prévu faire une fête digne de sa dépense.

Plus de 500 personnes étaient attendues. Les rues seraient fermées à la circulation, on allait danser sur un rythme klezmer endiablé. Même avec les poussettes doubles.
Pour l’occasion, on a mobilisé la lieutenant de police du poste 24 et sa suite, sans compter l'escouade de la Sécurité publique.

Mais, bien sûr, pour pouvoir s’approprier le domaine public pour un party privé, ça prenait un permis. La mairesse, très à cheval sur les principes et les règlements, parlait d’une ordonnance en bonne et due forme.
Tout avait été négocié jusque dans le menu détail.

On avait prévu une foule de 500 à 800 personnes. Le trajet avait été fixé. Tout ce beau monde pourrait chanter et se déhancher à souhait, MAIS... les systèmes d’amplification sont formellement INTERDITS.

Cliquer ICI pour voir le photoroman du fameux party

Deux fois plutôt qu’une, la greffière, Louis Moffatt, le directeur Beaudet, le chef de la Sécurité publique Ramirez et Cinq-Mars s’étaient assurés auprès des organisateurs hassidiques que l’ordonnance était bel et bien comprise. « No problem », qu’ont répondu les organisateurs à rouflaquettes en paraphant l'ordonnance à la vitesse grand V. Z’étaient pressés que la fête commence.



Cliquer sur la vidéo ci-haut pour être témoin du bonheur
que procure le non respect des ordonnances le la mairesse Cinq-Mars.


Et ça a fêté en grand! Let’s go, toi. La remorque 4WD était là pour tirer les quatre gros amplificateurs formellement interdits. C’était beau de voir Mayer Feig, le Bobov faire le trafic et swinguer au milieu de la rue avec Max Lieberman, le Satmar. Quoooi? Un Bobov en transe acoquiné avec un Satmar? C’est-tu ça l’inceste? En tout cas, on voyait que ça leur crevait le cœur de piétiner l’ordonnance de la belle Marie.

Lundi soir, à l’assemblée du conseil, le bon Mayer Feig était là dans la salle avec ses grands yeux de blanchon. Et il faisait des p'tits
« bôbails » à Marie. Un beau couple, je vous le jure.

vendredi 29 octobre 2010

LE NIQAB MUNICIPAL

Le 4 octobre dernier, lors de la séance du conseil d’arrondissement, un avis de motion figurait à l’ordre du jour au point 10.05 (A) sous le titre Affaires nouvelles. Voici ce qu’on y lisait :

« Avis de motion — Modification à la Réglementation relative à la circulation et au stationnement — Inclusion de nouvelles dispositions permettant au conseil d'arrondissement d'adopter des ordonnances visant à permettre la levée des interdictions de stationnement. »

Tiens! Tiens. C’est ça qu’ils appellent des Affaires nouvelles? Woufff! Ça sent plutôt le réchauffé, pour ne pas dire le brûlé! Au point où nos détecteurs de fumée se mettent à sonner.

Croyez-le ou non, Marie Cinq-Mars et Louis Moffatt s’apprêtent une fois de plus à faire les quatre volontés d’Alex Werzberger et de Michael Rosenberg qui voudraient pouvoir laisser Jaguar et Lexus dans la rue lors des jours de fête religieuse et ce, même si les panneaux de stationnement l’interdisent.

Comme ils n’en démordent pas, la mairesse et son
conseiller envisagent d’officialiser la pratique illégale de couvrir d’un niqab en « Foamcore » les panneaux qui empêchent tant les intégristes religieux de se recueillir.

Un niqab en Foamcore comme ceux dont se sert Outremont pour couvrir les panneaux d'interdit de stationnement

Cette mesure remise à l’ordre du jour est d’autant plus choquante qu’il y a dix ans, soit le 17 juillet 2000, Marie Cinq-Mars, alors conseillère sous l’administration de Jérome Unterberg, avait voté — comme tous les autres élus de l’époque — l’abolition de l’article 18.11 du règlement de stationnement qui permettait justement de suspendre les interdits de stationnement pour les fêtes religieuses.

À l’époque, pensez-vous que les dirigeants hassidiques s’étaient formalisés du nouveau règlement 1330 qui leur niait le droit de garer leurs chars n’importe où et n’importe quand? Poser la question, c’est y répondre.

Dès 2001, pendant les fêtes de Pâques, 45 ultrareligieux ont délibérément choisi de faire de la résistance passive en ne déplaçant pas leurs voitures en contravention de la réglementation. Ils ont évidemment contesté les contraventions qu’ils avaient reçues en plaidant que le règlement municipal violait leur liberté religieuse.

Malheureusement pour eux, le 8 juillet 2003, l’honorable juge Raiche de la Cour municipale d'Outremont a rejeté leurs prétentions et les a condamnés à payer leurs contraventions comme tout le monde. Le Point d'Outremont en avait fait un bref compte-rendu.

Les intégristes n’ont pas baissé les bras pour autant. Ils n’ont même pas pris la peine d’interjeter appel du jugement. À quoi bon puisqu’il leur suffisait de faire un « deal » en coulisse avec les élus municipaux qu’ils manipulent à leur guise.

Ne me regardez pas comme ça; l’expression n’est pas de moi. C’est le président de la Coalition d'organisations hassidiques d'Outremont, Alex Werzberger, qui l’a utilisée le plus simplement du monde dans une entrevue accordée à L’Express d’Outremont, le 25 janvier 2007.

Dans le même article, le bon maire Harbour avait renchéri en soutenant que « c'est une décision qu'on a prise sur la recommandation de la Commission consultative sur les relations intercommunautaires ». N’ajustez pas votre appareil... vous avez bien lu. Faut-il vous rappeler qu’à cette époque, le puissant Michael Rosenberg siégeait de tout son poids à cette très bienveillante commission? Cliquer ICI pour prendre connaissance du compte-rendu de la Commission et de l'intervention de Rosenberg.

Tout ce beau monde a eu le culot d’affirmer que cette mesure n’allait pas uniquement profiter aux membres de la communauté hassidique. C’est sûr, c’est sûr, les goyim que nous sommes en avons joui comme ça ne se peut pas de cette levée d’interdit de stationnement pendant les fêtes juives.

Ce que nos élus ne nous disaient pas et qu’ils ne nous diront pas davantage aujourd’hui, c’est que c’est vous et moi qui payons pour ces caprices religieux d’un autre temps alors que le juge Raiche avait statué clairement que les besoins religieux particuliers ne doivent pas être à la charge de la société.

En avril 2003, par exemple, uniquement pour couvrir les panneaux d’interdiction de stationner dans le cadre d’un seul événement religieux, les contribuables du Plateau ont dû se farcir une facture de 2 248,66 $, tandis que les payeurs de taxes de Côte-des-Neiges, eux, ont assumé une note de frais de 6 369,01 $. En 2010, au tarif horaire des employés municipaux et du matériel roulant, vous ne voudrez pas savoir combien vous coûtent ces rituels théoconservateurs. Allez! Je vous épargne.

Pas satisfaite de passer outre à son règlement 1330 du 17 juillet 2000 et de s'essuyer les pieds sur le jugement de 2003 qui déboutait les prétentions des ultraorthodoxes, Marie Cinq-Mars cèdera-t-elle une fois encore à la pression des ultrareligieux? Nous le saurons lundi soir prochain, à 19 heures. C’est un rendez-vous à ne pas manquer à l’Hôtel de Ville d’Outremont, au 530, avenue Davaar.

Comme l’a déjà écrit le journaliste Michel C. Auger, le 22 janvier 2007, «Ne pas donner de contraventions à la communauté hassidique le jour du sabbat, c’est peut-être politiquement rentable pour le maire de l’arrondissement d’Outremont, mais ce n’est pas un accommodement raisonnable. C’est un privilège, ce n’est pas pareil.» Eh! Non. C'est vraiment pas pareil.


P.-S.: Parlant de levée d'interdiction de stationnement, voyez deux photos toutes récentes prouvant que Michael et Martin Rosenberg n'attendent pas que les niqabs soient posés sur les interdits de stationnement pour contrevenir aux règlements municipaux en la matière. On ne se refait, hélas! pas.





La voiture de Michael Rosenberg en double file devant sa synagogue de la rue Hutchison, le 22 septembre 2010








Martin dans la zone vignette 27, à 19h26,
le 26 septembre 2
010 (devant la même
synagogue)

vendredi 22 octobre 2010

QUEBEC BLASTING - 3 de 3



«Objectivement, tenter de trouver [au Québec] des preuves concrètes de discrimination antisémite - des gestes à l’encontre de Juifs entraînant des pertes ou des séquelles – c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.»*
Morton Weinfeld, 1993

Le 19 novembre 2009, le Centre d'études ethniques des universités montréalaises (CEETUM) organisait une conférence sur les rapports entre les francophones et la communauté juive au Québec. On se questionnait sur la présence de l’antisémitisme aujourd’hui. J’ai eu la chance d’assister à cette conférence donnée sur l’heure du midi.

Morton Weinfeld, professeur de sociologie à l’Université McGill, était l’un des trois panélistes invités à discourir sur ce sujet chaud en cette ère post Bouchard-Taylor.


  

Contrairement à plusieurs de ses coreligionnaires, M. Weinfeld n’est pas de ceux qui prennent un malin plaisir à dépeindre faussement les Québécois comme étant plus antisémites que partout ailleurs au Canada. Il n’en déplore pas moins qu’un mur continue de séparer les francophones des juifs. «Ce n’est pas la haine, dit-il, mais il y a une distance sociale et culturelle [entre les deux groupes].»

Lors de son allocution, Morton Weinfeld a appuyé son assertion en utilisant deux exemples qui, à ses yeux, servent d’indicateurs. Il a d’abord pris le cas de la mairie de Toronto. Alors que la Ville Reine a fait élire trois maires juifs depuis l’après-guerre, le professeur a fait remarquer que Montréal, elle, n’en a encore jamais fait élire aucun. À titre de deuxième illustration, il a attiré notre attention sur la politique provinciale. «Les partis libéral, conservateur et NPD ontarien ont eu des leaders juifs alors qu’au Québec, ça ne s’est encore jamais vu.»

Je dois avouer que ses deux exemples m’ont un peu déconcerté. Je n’ai pu faire autrement que de me rappeler la remarque qui avait fait scandale lors de la crise qui a éclaté en janvier 2009 au sein de l’organisme Droits et Démocratie (cliquer ICI pour le reportage de Radio-Canada). Souvenez-vous. M. Jacques Gauthier, le président par intérim de l’organisme «non partisan» destiné à appuyer les droits humains dans le monde, s’était étonné «qu’il n’y avait pas d’employés juifs au bureau de Droits et Démocratie à Montréal».

Je ne suis pas particulièrement ferré en statistiques, mais en sachant que le Québec compte quelque 100 000 personnes se proclamant d’origine juive, ils ne représentent que 1,4% de la population québécoise. Dans ce contexte démographique est-il vraiment choquant ou particulièrement révoltant de constater qu’aucun membre de cette communauté très diversifiée n’ait encore décroché le poste de maire de la métropole ou de chef d’un parti politique québécois?

Si cette situation l'interpelle, comment réagirait-il si on lui rappelait qu’aucune Québécoise - elles ne constituent pas 1,4%, mais bien au moins 51% de la population de la province - n’a encore occupé le poste de maire de Montréal et une seule a été élue chef d’un parti provincial? Si M. Weinfeld souhaitait dénoncer ce «scandale antiféministe», je serais bien prêt à manifester avec lui.

La question de représentativité dans la société n’a pas été le seul argument avancé par Morton Weinfeld cette journée-là. Pour démontrer que le milieu anglophone est beaucoup plus ouvert à la communauté juive que ne le sont les francophones, le titulaire de la Chaire en études ethniques canadienne a relevé le fait que les dictionnaires anglais ont intégré un bon nombre de termes yiddish. Qu’en est-il des dictionnaires français? «Si vous prenez Larousse ou Robert, vous ne trouverez pas un seul mot d’origine yiddish», affirme Weinfeld avant de conclure que «la langue anglaise est beaucoup plus ouverte aux autres langues que le français.» Je vous laisse réfléchir sur ce jugement sans appel.



 

S’il fallait un autre exemple de la distance culturelle qui sépare les citoyens juifs des francophones d’ici, M. Weinfeld rappelle qu’au niveau des arts, «la production juive a toujours été et continue d’être plus florissante en anglais». Il en veut entre autres pour preuve la production des Mordecai Richler, des Leonard Cohen et... l’émission Seinfeld.

Est-ce si étonnant quand on sait que la très grande majorité des Juifs ont adopté la langue de Shakespeare et qu’en Amérique du Nord, la force d’attraction de l’anglais est pratiquement irrépressible?

Morton Weinfeld a reconnu que les particularités historiques et religieuses propres au Québec ont fait en sorte que la population juive n’a d’abord pas eu le choix d’adopter l’anglais puisque le clergé catholique refusait de les admettre dans les écoles francophones. Soit! Mais qu’en est-il depuis que cet obstacle a été levé?

Un enseignant qui se trouvait dans l’amphithéâtre (je n’ai pas saisi son nom) a fait remarquer qu’il n’a perçu aucune amélioration en ce sens au cours des dix dernières années. Il a également rappelé que non seulement la nouvelle génération répugne à fréquenter l’école française, mais qu’en plus, elle privilégie les écoles ségréguées. «Ne pensez-vous pas, dit cet enseignant, qu’un tel comportement aura des répercussions négatives sur les rapports et les rapprochements intercommunautaires?» L’auditoire attend encore une réponse à cette question.

Tout au long de cette conférence, il n’a été question que du cas des juifs ashkénazes. Pas un traître mot sur les Sépharades provenant du Maghreb et qui sont francophones. Pourtant quand on s’avise d'étudier sérieusement les rapports entre les communautés juives et francophones, il est tout de même étonnant que l’on n’ait même pas pensé à sonder les cœurs des juifs francophones.

Tout en avouant n’avoir jamais fait d’études sur la communauté sépharade, le professeur Weinfeld n’a éprouvé aucune gêne à supputer que «l’enracinement des Sépharades dans leur culture et leur identité juive est tel, que ça doit poser des problèmes pour une intégration totale dans la population du Québec». Ce serait donc comme du beurre dans la poêle entre les juifs anglophones et les Canadians, mais comme l’huile et l’eau entre les Sépharades et les Québécois francophones? Si la cause est déjà entendue, pourquoi donc continuer à donner des conférences sur le sujet?

À écouter Morton Weinfeld, on pourrait conclure que ce sont les francophones qui érigeraient un mur social et culturel à l’encontre de leurs concitoyens juifs. Est-ce si sûr?


 
Pour l’anecdote, je me contenterai de référer à un article que le sociologue Gary Caldwell avait publié dans l’édition de juin 1994 du magazine L'Agora.

Dans Le discours sur l'antisémitisme au Québec, Caldwell dénonçait les lacunes de la thèse de doctorat d’une certaine Esther Delisle dont Mordecai Richler s’était inspiré en 1991 pour pondre son brûlot sur l'antisémitisme québécois dans le magazine New Yorker.

Caldwell s’était entre autres indigné du fait que les études publiées sur le thème des Juifs au Canada étaient à toutes fins utiles la chasse-gardée d’individus s’identifiant comme Juifs. À titre d’exemple, il avait référé à l'anthologie The Jews in Canada à laquelle Morton Weinfeld avait participé. «Les éditeurs, déplorait Caldwell, ont réussi à rassembler vingt-quatre articles et cinq documents d'introduction sur les Juifs au Canada sans jamais citer les ouvrages produits par des non-Juifs sur des sujets pertinents.» Même le fameux Pierre Anctil avait été abandonné en bordure du chemin. On repassera pour l’impartialité et les prêches de Weinfeld sur le rapprochement des deux cultures!

Il y a tout de même au moins une chose sur laquelle je suis devenu plutôt en accord avec Morton Weinfeld: son agacement face à la publication de certaines caricatures stéréotypées dans des journaux.

Je n'ai pas en main les illustrations qu'il avait présentées lors de son allocution, mais les exemples qui suivent feront tout aussi bien l'affaire.


Rappelez-vous les caricatures publiées en juin 2007 au moment où les médias avaient révélé que les ténors de la communauté juive québécoise avaient fait un appel du pied à 

Mario Dumont. 

 

À l’époque, en voyant le chef de l’ADQ représenté avec boudins et shtreimel (ou kippa), je n’y avais rien vu de choquant. Au contraire, j’avais plutôt rigolé.

Avouons que pour un caricaturiste, l’exotisme de l’accoutrement des hassidim est une invitation quasi irrésistible à s'en servir pour représenter les juifs.

Il aura fallu que j’entreprenne mon combat pour dénoncer le laxisme des autorités municipales et provinciales face aux ultraorthodoxes juifs pour changer d’opinion.

 


Tant dans le milieu journalistique que dans la population en général, on ne s’embarrasse pas de faire une distinction entre la minorité intégriste ultraorthodoxe et LES communautés juives. Pourtant, il y a un gouffre qui sépare les deux mondes.
Même Lysiane Gagnon me rejoint là-dessus. Dans sa chronique du 8 mars 2008, elle écrivait :


«Comment peut-on, dans une société instruite et développée, confondre les Juifs en général avec les hassidim, cette communauté ultra-orthodoxe et marginale qui a autant de points communs avec les juifs que la secte des Apôtres de l’Amour infini en a avec les catholiques ?»

Sauf si un fait ou une nouvelle se rapporte à la communauté hassidique, il me semble inapproprié de représenter les «autres» Juifs avec les attributs saugrenus des intégristes ultraorthodoxes tout comme je trouve inadéquat d'associer des critiques à l'égard d'une frange marginale d'intégristes à l'ensemble des Juifs.


Vous comprendrez alors combien j'ai été estomaqué de lire dans La Presse du 1er septembre 2010 que l'on me qualifiait de «citoyen d'Outremont connu pour ses propos controversés sur les Juifs». Mon sang a fait trois tours. 


Si on voulait dire que je ne suis pas tendre à propos des agissements de certains intégristes hassidiques, je ne m'en serais pas offusqué. Mais je ne puis accepter que l'on fasse un amalgame injustifié entre les ultraorthodoxes et les Juifs afin de me discréditer et de laisser sous-entendre que je suis antisémite. Cela est soit malhonnête ou alors le signe d'une certaine ignorance.

 


En mars 2010, lorsque j'avais rencontré Martin Patriquin, le journaliste du Maclean's par qui est venu le scandale du Bonhomme Carnaval véreux, il m'avait fait part de son malaise en voyant un de mes photomontages. On y voyait le conseiller d'Outremont Louis Moffat affublé d'un shtreimel et de rouflaquettes en glace.

Patriquin avait beau jeu de jouer les vierges offensées, il reste que je revendique encore et toujours le droit et la liberté de représenter Moffatt et sa mairesse dans cet attirail puisque l'un comme l'autre ont fait mille fois la preuve qu'ils «font la belle» pour le plus grand bonheur de leurs maîtres hassidiques.


Résumé en images:
 

No.1






1 - Pas très kosher si les hassidim n'ont rien à voir avec la nouvelle.



No.2

 

2 - Ça irait si on indiquait qu'il s'agit des écoles hassidiques


No.3

 

3 - Aucun problème. Même les Québécois mangent cachère... sans le savoir! Certains argumenteront que c'est de la rectitude politique frileuse. Il est possible qu'ils n'aient pas pas tout à fait tort.

On s'arrête où? On fait quoi, par exemple, avec l'image de la mafia que l'on accole aux Italiens? 


 

Quand un Gagliano trempe dans les commandites, la caricature ci-contre lui va comme un gant!

Mais, à la lumière de ce qui précède, pourquoi ne pas demander l'avis d'un Chapleau ou d'un Martineau? Ce dernier a déjà écrit un article sur le sujet. Ça s'intitulait La peau courte. Peut-être qu'à la lecture de cette chronique aura-t-il quelque chose à ajouter? L'appel est lancé.



* «Objectively, finding concrete evidence of anti-Semitic discrimination - acts directed against Jews leading to some loss or penalty - is like finding a needle in a haystack».

Morton Weinfeld