mercredi 31 octobre 2012

LES TABERNACLES DE L'AVENUE DU PARC


Le 17 novembre 2011, Alex Norris, le conseiller de Ville de Projet Montréal dans l'arrondissement du Plateau m’écrivait le commentaire suivant sur mon blogue : «Il est totalement faux que notre administration n'ose pas sévir en cas de manquement aux règlements par des membres de la communauté hassidique». Pour tenter de m’en convaincre, il a évoqué le jugement d'outrage au tribunal que son administration avait obtenu contre le dortoir illégal de la secte hassidique, au 5569-5571 Hutchison.

Même s’il nous a fallu dénoncer pendant des années l’existence de ce nique à feu avant que vous agissiez, les résidents ont applaudi bien fort votre exploit inaccoutumé, M. Norris. Mais, hormis cette exception qui confirme la règle, qu’avez-vous fait pour mettre au pas toutes les autres synagogues-taudis ou qui ne respectent pas votre réglementation sur le zonage? Niet. Électoralisme oblige, vous évitez, tant que faire se peut, d'exiger le respect de vos règlements.

Ces dernières années, en plus de squatter les rues résidentielles, plusieurs synagogues ont poussé comme des champignons sur l’avenue du Parc, au nord de la rue Bernard. Pourtant, le zonage de cette portion de l’avenue du Parc interdit spécifiquement l’établissement de lieux de culte.

Pour vous en laver les mains, vous vous limitez à répéter que les permis sont délivrés pour des centres communautaires, ce que le zonage de ce tronçon de l’avenue du Parc permet.

Vous pouvez bien vous mettre la tête dans le sable, M. Norris, mais nous ne sommes pas dupes.

Pour vous mettre le nez dans vos contradictions, nous ne tenterons plus de vous convaincre que les locaux comme ceux du 5870, 5896 à 5906 et 6082 avenue du Parc ne sont rien d’autre que des synagogues trafiquées. Nous avons compris que c'était peine perdue. Nous laisserons plutôt les leaders hassidiques l’avouer eux-mêmes.


Ils ont craché le morceau bien candidement le 17 juin 2012, journée où près d’un millier d’ultraorthodoxes ont participé à un imposant et très bruyant défilé pour célébrer l’inauguration d’un tout nouveau rouleau de prière. 

 
Visionnez, ci-haut, un extrait de cette fête tonitruante filmée à l'entrée de la synagogue illégale


Voici le rouleau de prières destiné à la synagogue illégale du 5870 avenue du Parc

Sur le blogue Outremont Hassid, un certain Boruch Posner (nom fictif?) a pris la peine d’expliquer les tenants et aboutissants de ce cortège exalté. 

Il vaut la peine de lire sa chronique pour mieux comprendre la signification de cet évènement.









  

Dans son texte, Posner n'a aucune gêne à raconter que le sacro-saint rouleau de prière prend le chemin de la synagogue à laquelle il est destiné. Oui, vous avez bien lu. Le chroniqueur parle d'une synagogue. Il tombe sous le sens qu'un objet aussi précieux et vénéré est promis à une synagogue et non pas à un vulgaire centre communautaire.


Chaque jour, depuis très tôt le matin, des flopées de fidèles de la secte s'y rendent prier avec leur pochette à téfilines dans les bras. Pas besoin d'avoir été journaliste à The Gazette, M. Norris, pour comprendre qu'il n'y a pas de centres communautaires sur ce tronçon de l'avenue du Parc, mais bien des synagogues.

En allant réclamer des permis pour des centres communautaires, les leaders hassidiques vous remplissent comme des petits fours cacher. Et de toute évidence, vous vous accommodez fort bien des petites vites que les intégristes vous passent. C'est vrai en tout temps, mais encore plus maintenant que vous apprêtez à vous lancer dans une course électorale. 

Et si d'aventure vous daigniez nous faire part de vos commentaires sur la question, de grâce, M. Norris, épargnez-nous votre réflexe conditionné de traiter en parias les citoyens qui se plaignent de ces abus. 

Profitez-en plutôt pour nous dire en quoi une fête privée organisée par un individu qui a fait passer la commande de cet objet fabriqué à la mémoire d'un proche décédé devrait forcer la fermeture des rues et artères commerciales? Il ne s'agit nullement d'une fête officielle du calendrier juif. A-t-on déjà permis un tel tohu-bohu pour un veuf éploré ou, plus joyeusement, pour le mariage de sa fille? Poser la question c'est y répondre. 

vendredi 19 octobre 2012

LES PUSTULES



Hier, en début d’après-midi (18 octobre 2012), un citoyen du Mile-End a remarqué un long camion de déménagement stationné en double sur la rue Hutchison, à la hauteur de la rue Bernard. Deux hommes déchargeaient une grande quantité de sommiers et de matelas dans cet immeuble qui logeait l’ancien restaurant La Mère Poule.
Le déchargement des matelas et des sommiers à la synagogue en chantier au coin de Hutchison et Bernard
Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Le 12 juin 2011, un autre lot de matelas avaient pris le chemin du 2e étage de cet immeuble acheté en 2007 par des hassidim. Pourtant, les permis de transformation émis avaient été accordés pour un lieu de culte au rez-de-chaussée et pour une école d'enseignement spécialisé (école religieuse) au 2e étage. Dites-nous une chose, Messieurs les inspecteurs du Plateau. Les étudiants hassidiques vont-ils suivre leurs cours couchés de tout leur long? Ça vaudrait la peine que vous alliez jeter un coup d’œil pour voir ce qui s’y passe. Ça sent vraiment pas bon.
 

L'éternel chantier de la synagogue du 384, Bernard ouest
Remarquez que ce n’est pas d’aujourd’hui que les choses ne tournent pas rond sur ce chantier qui n’en finit plus de finir. Cela fait plus de cinq ans que les vitrines de l’immeuble sont tapissées de papier Kraft qui tombe en lambeau.

Souvenez-vous de la montée de lait d'Alex Norris lorsqu’un commerce de la rue Saint-Denis avait osé placer une pellicule orange sur les vitrines pendant les travaux de rafraîchissement de l’établissement. «Si vous êtes absolument déterminés à vous installer dans notre quartier, avait lancé le fougueux conseiller de la Ville pour le Plateau Mont-Royal, je vous prie de le faire de façon plus respectueuse de nos citoyens et de notre architecture patrimoniale.»

Le 16 novembre 2011, après que je me sois plaint publiquement de l’état de délabrement inacceptable de l’ancien restaurant La Mère Poule, Alex Norris m’avait écrit. «J'ai été en contact plus récemment avec les gens qui se sont installés dans l'ancien restaurant La Mère Poule pour les encourager à remplacer le papier kraft qui se trouve dans leurs fenêtres… Ils m'ont répondu qu'ils allaient installer des rideaux à la suite des rénovations qui sont en cours, des rénovations qui devraient se terminer d'ici 8 semaines.»


Huit semaines? Je ne voudrais pas faire de peine à M. Norris, mais cela nous amenait au 12 janvier 2012. Aujourd’hui, près d’un an plus tard, la secte n’a toujours pas accouché de sa synagogue. Comme plusieurs autres lieux de culte hassidique du coin, l’endroit a toujours l’allure d’un taudis infect. Il n’y a pas d’erreur, les dirigeants ultraorthodoxes font preuve de beaucoup d’ingratitude à votre égard, M. Norris. Vous avez pourtant toujours fait des pieds et des mains pour les accommoder.


Mais j’y pense, Alex. Que se passe-t-il avec le bâtiment industriel au coin des avenues Van Horne et du Parc? Vous savez, l’immeuble qui appartient à M. Michael Rosenberg et qui a justement l’allure d’une grosse pustule
irrespectueuse des citoyens et de notre architecture patrimoniale?

L'immeuble de Michael Rosenberg au coin des avenues Van Horne et du Parc
Le 17 novembre 2011, vous m’aviez dit que vous vous étiez plaint directement à Monsieur Rosenberg de l'état de son bâtiment industriel (voir le reportage de Radio-Canada ). M. Rosenberg vous aurait répondu avoir des difficultés à obtenir un permis pour remplacer les fenêtres de son bâtiment.

Pourtant, le 11 février 2011, votre collègue Richard Ryan, conseiller de Projet Montréal pour le Mile End, nous confirmait que Rosenberg avait obtenu l’autorisation de votre conseil pour l’installation de fenêtres pour son immeuble avec la bénédiction du comité consultatif sur l’urbanisme (CCU). Cela fait au moins 20 mois que son permis est disponible. Êtes-vous allé voir l’avancement des travaux que vous exigiez de lui?

Je vais vous rafraîchir la mémoire, M. Norris. Il y a 11 mois, vous m’avez écrit ceci : «Les travaux n'ont pas avancé au rythme que j'aurais souhaité. Je m'informerai auprès de notre direction des permis et inspection afin de déterminer pourquoi les choses semblent avancer si lentement...»


Alors, près d’un an plus tard, dites-nous donc ce que vous a répondu la direction des permis et inspection? Sur le terrain, rien n'a bougé d'un iota.


Pour un élu de Projet Montréal qui se fait un malin plaisir de

donner une raclée au petit propriétaire d’un A&W, je vous trouve pas mal moins fanfaron devant un magnat de
Alex Norris: deux poids, deux mesures lorsqu'il s'agit de Michael Rosenberg?
l’immobilier. Et c’est vous qui m’écriviez (toujours le 17 novembre 2011) : «Soyez assuré que les inspecteurs de notre arrondissement, ainsi que notre équipe d'élus, ne font aucune distinction selon les origines ethniques, religieuses ou culturelles des personnes qui contreviennent à nos règlements»? Ah! oui, vraiment ? Serait-ce alors le pouvoir de l'argent qui expliquerait votre soudain manque de vigueur ? À moins que ce soit votre soif de votes hassidiques? Ou les deux!

mardi 2 octobre 2012

LES LOCK-OUT RELIGIEUX


La semaine dernière, souvenez-vous, ce sont trois élus de confession juive qui n’ont exigé rien de moins que la fermeture de l’Hôtel de Ville de Montréal pour leur permettre d’aller célébrer le Yom Kippour. Après tout, cette fête est un commandement divin écrit dans la Torah. Quant aux 62 autres élus municipaux qui ne partageaient pas leur foi, ils n’avaient qu’à aller jouer aux quilles!

Mais il n’y a pas qu’à l’Hôtel de Ville que ces célébrations peuvent causer des dommages collatéraux. 

Michael Rosenberg, le PDG du Groupe Rosdev
À trois reprises en autant de semaines, des travailleurs de la construction qui bossent sur un chantier appartenant à Michael Rosenberg se sont vus forcés de remballer leurs outils et de quitter, le casque sous le bras… et les poches vides. 

En raison d’une fête célébrée par à peine 1% des citoyens du Québec, le dirigeant hassidique a décrété la fermeture du chantier qui jouxte le siège social de l’empire Rosdev. Comment? Même les édifices en chantier doivent respecter la religion, maintenant?

Un des ouvriers qui a perdu plusieurs journées de salaire
Encore hier et avant-hier, une douzaine d’ouvriers du chantier du 7101, avenue du Parc ont dû rentrer chez eux sans compensation pour les journées de travail perdues. 

Les représentants syndicaux n’avaient même pas été avisés de ce «lock-out» religieux. Est-ce parce que cette fête doit s’accompagner de jours chômés pour les fidèles juifs qu’il est normal qu’elle fasse des chômeurs occasionnels dans la population non-juive? 

Cette pratique, apparemment exceptionnelle jusqu'à tout récemment, semble en voie de gagner du terrain. Visionnez le reportage  diffusé sur les ondes de TVA en fin de semaine dernière.