lundi 29 avril 2013

L'AVEU



L'aveu de Leila Marshy dans le Toronto Star de dimanche

Comment oublier la saga du référendum  de la rue Hutchison qui a connu son dénouement le 19 juin 2011? À peine quelques jours plus tôt, nous avions été témoins d’un véritable phénomène de génération spontanée.

Au fin fond du sous-sol du 5363 Hutchison s'était développé en accéléré une créature sans ascendants. Un cyborg venu de nulle part débarquait sur le Web et s’autoproclamait Friends of Hutchison Street en déclamant la formule «We are everyone who seeks peace, harmony, dialogue, adventure».

Cette poignée de pseudo-néoGandhi n’aura pas perdu de temps pour dévoiler sa vraie nature. Leurs voisins et voisines qui n’adhéraient pas à leurs schèmes de pensée allaient vite être déclarés émules de l’Office de la langue française, des Patriotes, des Adrien Arcand, Lionel Groulx, Hitler, Pinochet.


Pour nous être objectés à l’agrandissement du lieu de culte en zone résidentielle, les Friends nous qualifieront de «nasty little bigots», de «slack-jawed droolers», de «Stasi agents» et d’autres sobriquets affectueux du même acabit. Cela ressemble étrangement à la façon de faire des membres du CRITIQ, ce groupe d'anglophones enragés qui, en fin de semaine dernière, a invectivé Julius Grey après qu'il ait eu le malheur de dire que «le Québec est une des provinces du Canada où les droits civiques sont les mieux respectés». 

Depuis presque deux ans, Leila Marshy et les dirigeants hassidiques qui opèrent la page Facebook de Friends of Hutchison Street ont pratiqué le déni systématique. Aux actes de délinquance documentés que nous révélions, ils criaient Au meurtre! À les entendre, ce que nous dénoncions n’était qu’affabulations, mensonges et intimidation.
 
Puis est survenu un évènement aussi inattendu qu’improbable. Dimanche dernier, en page A 6, le Toronto Star a publié un article intitulé Worlds collide for Outremont’s Hassidic population


Sous la plume chatouilleuse du journaliste Dylan C. Robertson, Leila Marshy a finalement craché le morceau. Pour la première fois depuis qu’elle a entrepris sa croisade sur Facebook, la résidente de la rue Hutchison a admis que «some Hassidic neighbours break numerous rules». Vaut mieux tard que jamais, n’est-ce pas?

Que les leaders de la communauté hassidique tentent de défier les règlements et placer les autorités devant le fait accompli, c'est une chose. C'en est une autre que de voir les élus se prosterner devant les intégristes religieux au point de renoncer à faire respecter les règlements applicables à tous les autres citoyens. Pitoyable. Et les Cinq-Mars de Montréal veulent se faire réélire en novembre prochain?

lundi 22 avril 2013

LE LAXISME ÉRIGÉ EN SYSTÈME - PARTIE I


Jeudi dernier, le 18 avril 2013, l’honorable André Prévost de la Cour supérieure a rendu un jugement dans la cause Ville de Montréal c. Congrégation Munchas Elozer Munkas. Le dénouement était attendu depuis fort longtemps. Il s’agissait du cas d’un duplex résidentiel qui a été illégalement transformé en synagogue, au 1030 -1032, rue Saint-Viateur.


Même si ce changement de vocation a été fait en contravention flagrante du règlement de zonage et bien que les activités de culte dans cet immeuble étaient (et sont toujours) incompatibles avec la réglementation municipale, le magistrat a donné raison aux contrevenants. Il a invoqué des «circonstances exceptionnelles» lui permettant d’utiliser le pouvoir discrétionnaire que lui confère l’article 227 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU).

Nous pourrions décrier la décision du juge de la Cour supérieure et la façon qu’a utilisée la secte hassidique pour bafouer la réglementation en vigueur, mais, entre vous et moi, ce jugement ne m’étonne pas le moins du monde. 


Comprenez-moi bien. Je ne remets pas en cause la bonne foi du juge Prévost, pas plus que je ne pourrais le soupçonner d’avoir une dent contre les élus municipaux. Le juge a simplement constaté ce que nous dénonçons depuis de nombreuses années. Dans ce dossier, comme dans plusieurs autres, nos élus ont fait et continuent de faire preuve d’un laxisme et d’un laisser-faire scandaleux.


Croyez-le ou non, bien que les dirigeants de la secte n’avaient pas le droit de convertir cet immeuble d’habitation en synagogue, les autorités d’Outremont leur ont octroyé (en juillet et en septembre 1980) deux permis. L’un pour enlever un mur de division, l’autre pour creuser le sous-sol. La congrégation en avait alors profité pour y construire un bain rituel.

Dans son jugement, le juge Prévost s'étonne du comportement de la ville.  «Outremont, dit-il, a connaissance de la contravention d’usage par dérogation depuis au moins 1980. L’aménagement d’un bain rituel au sous-sol laisse peu de doute à ce sujet, surtout pour une ville qui compte plusieurs synagogues sur son territoire».

Comme il n’y a jamais deux sans
trois, en 1984, la ville d’Outremont a émis un troisième permis pour la réparation de mur extérieur de l’immeuble. Cette fois, la congrégation a installé une toiture amovible pour aménager une soukka. Tout ça, sous les yeux bienveillants des inspecteurs. 


Cela est d’autant plus étonnant, qu’en 1982, la ville d’Outremont avait porté des accusations en Cour municipale contre le propriétaire de l’immeuble pour avoir établi un lieu de prière dans un bâtiment d’habitation situé en zone résidentielle. Même que le 16 juin 1982, le juge Adrien Paquette avait reconnu le bien-fondé de la ville et condamné le propriétaire à 50 $ d’amende. 


En janvier 1983, comme il en avait la possibilité,  ce propriétaire hassidique a porté ce jugement en appel en Cour supérieure. C’est là que ça se morpionne sérieusement.

Au début de l’audition de l’appel, l’avocat de la ville d’Outremont a contesté le droit d’appel du propriétaire. Bien que le juge de l'époque ait rejeté la requête de la Ville, il avait pris la peine d’inviter la municipalité à compléter sa preuve et à revenir à la charge. Devinez quoi! La Ville ne s’est jamais remontré la binette en cour.


Ce comportement laisse à nouveau le juge Prévost songeur: «Pourquoi [la Ville] a-t-elle décidé de ne pas offrir de preuve devant la cour supérieure afin que soit maintenu un jugement qui confirmait l’usage illégal de l’immeuble? Quel message la ville lançait-elle alors à la congrégation ?»

Le message, il est le même depuis 30 ans.
«Faites ce que vous voulez, on ferme les yeux.» Le mot d'ordre aux inspecteurs et aux fonctionnaires: «Pas touche!»

Comme Choquette, Pomminville et Unterberg, l'ancien maire Harbour et son héritière, Marie Cinq-Mars, ont tout fait pour que le dossier soit relégué aux oubliettes. Même ce bon Pierre Chapuis, à l’époque, directeur du Service de l’aménagement urbain et du patrimoine a fait semblant de tomber des nues lorsqu’il a écrit aux contrevenants qu’il souhaitait les rencontrer

Comme les travaux à la synagogue ont été effectués au vu et au su des inspecteurs, le juge Prévost estime improbable que les autorités de la ville n’aient pas été informées de ces travaux par les inspecteurs. Il constate que Montréal connait la situation depuis au moins 29 ans et conclue que la Ville a accommodé la communauté durant toutes ces années.

Mieux. Le juge rappelle qu'en 1987, la communauté urbaine de Montréal est même allée jusqu'à accorder une exemption de taxes foncières pour l’immeuble en raison de sa vocation de culte. Une petite enveloppe brune avec ça?

Quitter un parti pestiféré pour se refaire une virginité?
 Il aura fallu bien des périodes de questions houleuses aux
assemblées du conseil d'arrondissement d'Outremont avant que les citoyens ne viennent à bout de l'entêtement de la mairesse et qu'elle ne refile la patate chaude au contentieux de la Ville.

Après neuf années passées au sein du parti Union Montréal, Cinq-Mars en avait appris des tours de passe-passe. Aussi, avant de laisser aux avocats de la Ville la besogne d’entreprendre une poursuite contre la synagogue illégale, la mairesse n'a pas pris de chance.

Lors de la séance du conseil du 6 septembre 2011, Cinq-Mars a fait adopter un projet de règlement qui lui aurait éventuellement permis de contourner le jugement tant redouté par les leaders hassidiques. Si  le tribunal avait décrété la fermeture de la synagogue illégale, il aurait suffi qu'un changement d’usage soit accordé pour légaliser le lieu de culte. 

Mais cette fois-ci, la mairesse n'aura pas besoin de peser sur le bouton. Le juge s'en est occupé.

mardi 16 avril 2013

NUÉE DE SYNAGOGUES ANNONCÉE SUR L'AVENUE DU PARC


Le 7 septembre 2010, le parti Projet Montréal avait annoncé l'adoption d'un règlement visant à faire disparaître les panneaux publicitaires du territoire de l'arrondissement du Plateau Mont-Royal. Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron et le conseiller de ville Alex Norris avaient fait le serment de s’attaquer à cette pollution urbaine géante. «À force de voir les affiches publicitaires dans le paysage urbain, expliquait alors Richard Bergeron, les citoyens ne se rendent plus compte de leur laideur.»




Hélas, nous ne lancerons pas de fleurs à ces deux élus de Projet Montréal. Pourquoi donc? Pour la simple et bonne raison qu’ils font manifestement preuve d’une détermination à deux vitesses. 

 Alors qu’ils attaquent de front Astral Média , cet acteur majeur de la télévision, de la radio et de l’affichage extérieur au pays, Bergeron et Norris ferment délibérément les yeux sur les lieux de culte qui poussent à la vitesse grand V sur l’avenue du Parc, entre les rues Bernard et Van Horne. 

La ragoutante synagogue illégale du 6080 du Parc

Contre toute logique, ces deux opportunistes politiques défendent bec et ongles ces synagogues ultraorthodoxes aux allures de coquerons insalubres. Non seulement ces cambuses défigurent et polluent le paysage urbain, mais elles bafouent le règlement de zonage en vigueur. Un règlement qui, s'il autorise l’établissement de centres communautaires, interdit les lieux de culte sur ce tronçon de l’avenue du Parc.

Savez-vous que les administrateurs des trois quarts de ces synagogues squattent cette portion de l’avenue du Parc sans même détenir un permis d’occupation? Quant à la minorité de ceux qui ont fait une demande de permis, ils l’ont obtenu grâce à un subterfuge. Ils ont ouvert des synagogues en les faisant passer pour des centres communautaires. Vous ne me croyez pas? Ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont les leaders hassidiques eux-mêmes qui l’ont admis aux élus du Plateau, il y a de cela quelques semaines à peine.

Conscient du problème grandissant et dans l’espoir de reprendre un certain contrôle sur la prolifération anarchique de lieux de cultes illégaux (cliquez pour les apprécier), le maire du Plateau, Luc Ferrandez, a récemment souhaité procéder à une modification du règlement de zonage.


Il a proposé que les lieux de culte (toutes confessions confondues) et les centres communautaires soient obligatoirement soumis à une procédure qui forcerait les administrateurs de ces projets à soumettre une demande de dérogation. Cela permettrait à l’arrondissement d’étudier les projets et de s’assurer que les objectifs du Plan d’urbanisme soient respectés (parements extérieurs, architecture, appareils de climatisation, aménagement paysager, etc.)

Comment pensez-vous qu’a été accueillie la proposition du maire Ferrandez par les dirigeants hassidiques? Conviés à une rencontre à l’hôtel de ville du Plateau, les Alex Werzberger, Mayer Feig et Max Lieberman ont crié Au meurtre! Ils ont fait comprendre au maire qu’ils pourraient bien continuer de mettre les autorités municipales devant le fait accompli.

Le conseiller Alex Norris, dans tout ça? Bien qu’il sache que les dirigeants hassidiques agissent encore et encore dans l’illégalité, il est férocement en désaccord avec l’idée de Ferrandez de modifier le règlement. Faudrait surtout pas ennuyer le trio hassidique. Et encore moins en campagne électorale, n’est-ce pas? C’est pourtant ce même Norris qui, le 17 novembre 2011, écrivait un commentaire sur mon blogue affirmant qu’«Il est totalement faux que notre administration n'ose pas sévir en cas de manquement aux règlements par des membres de la communauté hassidique». Il peut aller raconter ça à d'autres. 


L’initiative du maire ne manquait pas d’intérêt. Mais, devant l’opposition farouche des principaux intéressés et de certains élus de son propre parti, Luc Ferrandez a tenté de faire passer la pilule en proposant de légaliser quatre des synagogues présentement illégales sur ce petit bout de l’avenue du Parc.

Un groupe de citoyens dont je faisais parti a été invité à donner son avis sur le projet. Hélas, incapable de consentir à cette amnistie que nous considérions être une prime à la délinquance, nous n’avons pu soutenir la proposition du maire Ferrandez. Si bien que le projet de modification au règlement de zonage a été retiré de l’ordre du jour du 8 avril dernier. Luc Ferrandez nous aura avertis. Il nous prédit une nuée de centres communautaires sur l'avenue du Parc dans les prochains mois. Plus de dix, s'il faut l'en croire.

Les Norris, Werzberger, Feig et Lieberman doivent être aux anges. Bien qu’elles soient en contravention du zonage, leurs synagogues du 5830, 5870, 5896 à 5906 et 6082 avenue du Parc risquent fort de l’échapper belle, comme d'habitude. 


Nous avons trois questions pour vous, Messieurs Bergeron et Norris, qui affirmez sévir lorsque des gens contreviennent au règlement de zonage :

1) Qu’attendez-vous pour décréter la fermeture des lieux de culte qui n’ont aucun permis d’occupation et qui, de plus, ne respectent pas le zonage?

2) Maintenant que les dirigeants hassidiques ont avoué vous avoir trompés sur l’usage des lieux qu’ils ont investis, pourquoi ne révoquez-vous pas les permis qui ont été malhonnêtement obtenus?


6201 Parc: Occupé un an avant la délivrance du permis
3) Est-ce pour les récompenser de leur comportement exemplaire que vous venez de leur délivrer de nouveaux permis leur permettant d’occuper 5000 m2 de plancher pour une école (talmudique?), une garderie et une bibliothèque/centre communautaire dans le magnifique édifice Bovril du 6201 Parc, au coin de Van Horne? 

En passant, saviez-vous qu’ils utilisaient déjà cet immeuble il y a plus d’un an? Comment? Vous vous en foutez. Ah!  d'accord. Ça a le mérite d'être clair.

samedi 6 avril 2013

LE BAPTÊME DU FEU



Normand Proulx va se souvenir longtemps de sa première journée de travail à titre de directeur de l’arrondissement d’Outremont. C'était il y a 12 jours, le 25 mars 2013.

Il n'était pas encore 8 h, ce lundi matin là, que la mairesse Cinq-Mars lui avait déjà refilé la première patate chaude de son nouveau mandat : «dealer» avec la cérémonie de la crémation du pain de la communauté hassidique d’Outremont qui faisait déjà rage devant le tout nouveau complexe d’habitation du 950, rue Champagneur.
 

Entre la volonté des leaders hassidiques et les femmes enceintes du 950 Champagneur, le choix de Cinq-Mars a été facile.
Marie Cinq-Mars devait être particulièrement excitée de mettre à l’épreuve M. Proulx qui, il faut le dire, possède une expertise en «développement de mécanismes de concertation du milieu». 

Pauvre homme! Il n’avait pas encore eu le temps de «puncher» au bureau qu’il se trouvait déjà coincé entre la mollesse sans nom de la première dame d’Outremont et la servilité de Pierre Chapuis, son prédécesseur par intérim.

Certains des 140 nouveaux résidents du 950 Champagneur avaient pourtant pris la peine de demander à l’avance aux autorités municipales que la crémation se fasse ailleurs que sous leurs fenêtres. 


Lors de la séance du conseil du 2 avril dernier, Marie Cinq-Mars a avoué qu’en dépit de toute une série de pourparlers et d’une entente avec les dirigeants de la communauté hassidique concluant que la cérémonie se ferait du côté du secteur Atlantic (au coin des rues Durocher et Beaubien), les leaders ultrareligieux n’ont fait qu’à leur tête. «Ils ne nous ont pas écoutés. On avait le choix de laisser l’évènement se tenir ou d’appeler les pompiers pour qu’ils sortent les boyaux d’arrosage, ce qui n’aurait peut-être pas été la chose à faire.» Dans ce qui a probablement été son premier discours public, Normand Proulx a acquiescé : «Ça aurait jeté de l’huile sur le feu!»


Trois conteneurs et quatre heures et demie du fumigation
 Entre la volonté des ultraorthodoxes butés et les femmes enceintes du 950 Champagneur incommodés par la fumée, Cinq-Mars n’a pas mis de temps à choisir. Même qu’il apparaît clair, aujourd’hui, qu’elle avait déjà capitulé devant les leaders hassidiques au cours de la fin de semaine précédente. 






   
À preuve, quelques heures seulement avant la crémation, les grilles du terrain que les autorités avaient désigné pour la tenue de l’évènement (au coin de Beaubien et Durocher) sont restées cadenassées. En revanche, le terrain interdit était, lui, déneigé de frais et l’espace, accessible à tous. 

On peut dire que Normand Proulx aura vraiment eu son baptême du feu. Bienvenue à Outremont, M. le Directeur!