mercredi 12 novembre 2008

LES TROIS MINUTES DE GLOIRE CITOYENNE


Vous avez lu Foglia, le 11 novembre? Partant des récentes élections américaines, il extrapole et s'amuse à démystifier notre appareil de gouvernance et à cerner le «pouvoir» de l'homme élu et de sa fiancée. Ça vous dégonfle une envie d'élection pas à peu près lorsqu'il écrit: «Vous élisez des gens pour qu'ils vous représentent, le lendemain de leur élection, les voilà au service de la machine».

Ce qu'il raconte s'applique évidemment aussi à la politique municipale.

Avez-vous déjà assisté à une séance du conseil municipal de la
«grande ville»? Ça vaut la peine au moins une fois dans votre vie.

Quand vous vous adressez à Son Émissaire suprême ou à ses 64 vassaux, c'est le doux ronronnement d'une machine bien huilée que l'on entend. Si bien huilée, d'ailleurs, que nos mandataires glissent sur nos questions et que la Machine aspire ses citoyens sans même s'enrayer une seule seconde.

Nous vous avons déjà signalé que le 27 octobre dernier, cinq citoyens des secteurs Outremont et
«adjacent Outremont» ont pris la peine de consacrer une demie journée de leur temps pour réclamer des comptes. Chaque fois, les citoyens sont restés sur leur faim quand on ne les a pas tout simplement retournés comme des crêpes.

Visionnez
le vidéo de la période de questions des citoyens de cette séance du conseil et avancez jusqu'à l'intervention de M. Tony Hilton (à 1 heure 11 minutes du début de l'enregistrement) et dites-nous si les trois minutes d'intervention devant cette tablée de représentants du bon peuple valent les cinq heures d'attente dans le portique de ce salon feutré aux boiseries astiquées au décorum. On s'étonnera ensuite que le taux de participation aux élections municipales fasse du rase-mottes.
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Le président de l'assemblée du conseil. Il est le spécialiste du protocole, des règles et de leur interprétation. Il a droit de vie ou de mort sur les questions des citoyens. Et il l'exerce!







M. Tony Hilton, citoyen anglophone (et francophile) d'Outremont. Il s'est plaint avoir reçu un dépliant bilingue émanant de l'arrondissement. L'Office de la langue française lui a confirmé que c'était illégal. Il demande des explications.







Marie Cinq-Mars avoue que l'envoi d'un dépliant dans les deux langues est une erreur... avant d'ajouter qu'en raison de sa communauté hassidique, elle a même recours à des interprètes qui envoient des documents traduits en yiddish!

Lorsque M. Hilton lui demande s'il s'agit d'un accommodement, Cinq-Mars est sauvée par le président d'assemblée qui remballe le citoyen en lui lançant qu'il ne s'agit pas là d'une question. Allez! hop, dehors l'impertinent. Next!


Mme Mallette, résidente du Plateau s'adresse à la mairesse Fotopulos. Elle veut savoir deux choses. Depuis quelle année la synagogue du 5363 Hutchison qui veut s'agrandir dans une zone strictement résidentielle jouit de droits acquis? Sur quels documents la ville se base-t-elle pour affirmer qu'il y a droits acquis?







Fotopulos fera diversion, jettera de la poudre aux yeux, racontera ce qui s'est passé dans le cas d'une autre synagogue, mais se gardera bien de répondre aux deux questions de Mme Mallette. "En v'là une de neutralisée", se dira la première dame de l'arrondissement.




Après 5 heures 40 minutes d'attente, Pierre Lacerte a pu demander à Marie Cinq-Mars ce qu'elle avait fait pendant les six mois où elle a "cogité" avec ses avocats sur le sort qu'elle promettait de réserver à la synagogue illégale (depuis 26 ans!) du 1030 Saint-Viateur.
Sa réponse? "Nous avons pris effectivement un certain temps de discussion afin de savoir exactement ce qu'allait être notre intervention".
Bref, la mairesse a pris six longs mois pour décider de refiler la patate chaude aux avocats de la ville centre. C'est ce qu'on appelle prendre le taureau par les cornes.


L'intervenant suivant a été M. Christian Bouvet, d'Outremont. Allait-il avoir plus de succès que ses prédécesseurs au micro?

À différentes reprises, M. Bouvet s'est plaint à Marie Cinq-Mars de l'état lamentable de plusieurs propriétés près de chez lui. Il dit ne voir aucun changement depuis ses plaintes et se demande pourquoi la règlementation n'est pas appliquée.

Cinq-Mars l'invite à aller la rencontrer à son bureau afin de lui montrer tout ce qui est fait à ce chapitre.

M. Bouvet a rencontré la mairesse, mais il soutient qu'elle lui a tout bonnement suggéré de recourir à la loi d'accès à l'information s'il voulait voir les constats émis en la matière. Ça, c'est de la coopération, mes amis!


Dernière citoyenne de l'arrondissement à intervenir, Mme Céline Forget. L'ex-conseillère municipale d'Outremont veut savoir quand le maire Tremblay dévoilera les conclusions de l'enquête interne qu'il avait promis de faire sur les dépenses douteuses de son administration d'Outremont, des contraventions de stationnement annulées et du dépassement de coûts de la construction du centre communautaire.


La réponse du maire est particulièrement éclairante. «Les citoyens et citoyennes d'Outremont ont fait confiance à une nouvelle administration qui assume ses responsabilités. Quand on aura les détails des dépassements de coûts du centre communautaire, on sera en mesure de les rendre publics.»

Au ton énergique du maire et à voir l'intérêt indéniable des membres de cette assemblée (voir la photo!), on sent une volonté et un empressement imparable de faire la lumière, toute la lumière et uniquement la lumière dans les affaires municipales malodorantes
.

Vous venez d'assister à tout un exemple de démocratie participative
et de la considération que les élus et la
«Machine» portent aux citoyens qui les ont mis en place.

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