mercredi 4 février 2009

LE BLOC HASSIDIQUE

Vous avez lu la chronique de Gil Courtemanche publiée dans Le Devoir de samedi dernier? Ça s'intitule La médiocrité. Le journaliste dénonce les considérations bassement électoralistes qui ont amené le gouvernement Harper à accoucher de son dernier budget. Courtemanche déplore le fait que ledit budget n'est rien d'autre qu'un exercice comptable destiné à gagner les votes nécessaires à sa survie politique.

Cette médiocrité dont parle le chroniqueur ne se limite pas à la politique fédérale. Elle dégouline par gravité au niveau provincial pour se répandre jusqu'au petit monde municipal.

Quelques temps après notre passage à la commission Bouchard-Taylor, un conseiller du ministre libéral Raymond Bachand nous avait rencontrés dans un café d'Outremont. Il minimisait le poids de la représentation hassidique dans le cadre d'une élection provinciale. "Les gens en font tout un plat, disait-il, mais ils ne sont guère plus de 2 000 à voter dans la circonscription d'Outremont".

Présenté ainsi, c'est vrai que cela ne semble pas peser très lourd dans la balance démocratique. Mais dans le contexte où à peine 57,3% des 40 498 citoyens inscrits sur la liste électorale se sont prévalu de leur droit de vote à la dernière élection provinciale, 2 000 ultra religieux qui tracent leur croix à l'unisson selon les directives de leur rabbin et de quelques dirigeants de la secte, cela constitue un bloc sur lequel les politiciens ne relèvent pas le nez, bien au contraire.

Pour vous en convaincre, jetez donc un coup d'œil au cliché qui a immortalisé la soirée électorale du 8 décembre 2008 (le Point d'Outremont
). Qui voit-on célébrer aux côtés de Raymond Bachand? Nul autre que le président de la Coalition des organismes hassidiques d'Outremont (COHO), le Satmar Alex Werzberger. Il est accompagné de Mayer Feig (derrière le ministre), l'ultra orthodoxe Bobov qui administre le Jewish orthodox community council (JOCC) avec nul autre que le puissant et célèbre Michael Rosenberg, président de l'empire immobilier Rosdev. Flanqué d'une telle garde rapprochée, le ministre ne peut être qu'entre bonnes mains!

Ci-contre, une page du News Flash distribué de porte à porte à Outremont. Ilrend ici hommage à Mayer (Meir) Feig, émissaire diplomatique émérite de la communauté hassidique auprès de l'hôtel de ville d'Outremont. Rappelons que M. Feig a été l'organisateur du très controversé voyage des autorités municipales outremontaises dans les enclaves hassidiques de New York, à l'été 2005. Il fraye aussi dans l'entourage de Steven Harper (cliquer ici pour voir une autre photo)

Au niveau municipal, la pression du bloc hassidique se fait sentir de façon nettement plus aigüe. Imaginez. Lors de la dernière élection partielle de décembre 2007, à peine 4 425 électeurs outremontais inscrits se sont prévalus de leur droit de vote. C'est un taux de participation d'à peine 28,77%. Face à un tel scénario, quelques 2000 religieux intégristes qui ne reculent devant aucune tempête hivernale (fût-elle un déluge de neige, un verglas apocalyptique ou autre), cela ne représente plus une simple balance du pouvoir, mais bien plutôt une quasi majorité. Forts d'environ 45% des votes exprimés, les dirigeants ultra orthodoxes ne demandent pas de faveurs. Ils dictent leurs exigences. Et, de toute évidence, il n'y a pas de Choquette, d'Unterberg, de Harbour, de Cinq-Mars ou de Tremblay qui sache résister et se tenir debout face à cette vague théocratique qui, si on se fie à leurs projections démographiques, s'apprête à devenir rien de moins qu'un tsunami.

Qui doit-on blâmer pour ce foutoir urbain? Les hassidim? Mais non, chers citoyens, mais non! Eux ne font que profiter de la situation qui se présente à eux.

Mais si ce ne sont pas les ultra orthodoxes qu'il faut pointer du doigt, qui alors? Nos élus qui veulent s'accrocher au pouvoir? Là, vous commencez sérieusement à brûler.

Écoutez. Ne le répétez pas trop fort mais, entre nous, les vrais responsables de la triste situation qui règne dans nos arrondissements c'est... NOUS! Nous qui restons assis sur notre steak et qui négligeons, par cynisme, défaitisme, je-m'en-foutisme, nombrilisme ou enfant-gâtisme, d'exercer notre droit de vote, ce levier formidable qui,
pour paraphraser un Archimède un peu fleur bleue, pourrait nous permettre de soulever nos aspirations jusqu'à la lune.

Si nous ne réagissons pas, les spectateurs qui, de là-haut, nous regarderont nous avachir pour de bon n'auront qu'un seul commentaire à nous faire: "Votre performance a été médiocre, alors... bien fait pour vous!"

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