samedi 9 janvier 2010

MAMMY, DO WE BELIEVE IN WINTER?

Le 11 décembre 2009, quatre jours après la dernière assemblée du conseil d'arrondissement d'Outremont, nous avons appris au téléjournal de Radio-Canada que la mairesse Cinq-Mars et ses prédécesseurs ne procèdent pas à l'enlèvement de la neige pendant le Sabbat sur 20% de son territoire. Faut bien accommoder les ultra religieux! Est-ce une des raisons qui font que cela coûte deux fois plus cher de déneiger à Outremont que partout ailleurs à Montréal? La question se pose. Mais depuis ces révélations, bien des citoyens s'interrogent.

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Tenez! Pas plus tard qu'aujourd'hui, M. Pierre Beaucage, un professeur émérite au Département d’anthropologie de l’Université de Montréal m'a écrit.

Le 11 décembre dernier, cet illustre citoyen de la rue Jeanne-Mance avait fait parvenir au Devoir
une lettre ouverte intitulée Le même Dieu, les mêmes rabbins, deux lois divines? Le professeur voulait faire partager l'expérience de déneigement qu'il vit à peine trois rues plus à l'est de l'arrondissement Outremont. Le quotidien n'ayant pas publié sa lettre, M. Beaucage me demande de la diffuser sur mon blogue, ce que je fais maintenant avec grand plaisir. La voici:


Le même Dieu, les mêmes rabbins, deux lois divines?

« Mammy, do we believe in winter? »
Saül Bellow : Portnoy’s Syndrome

Grâce au Devoir (11/12/09 : 4) et au téléjournal, nous sommes tous au courant de l’une des dernières péripéties du multiculturalisme différentiel qui se pratique dans notre beau et grand pays. Toutes croyances confondues, les résidants du vaste pâté de maisons compris entre les rues Champagneur et Hutchison, à l’est de l’arrondissement d’Outremont, doivent supporter des rues enneigées jusqu’à dimanche. En effet, l’administration outremontoise perpétue, cette année encore, une pratique aberrante.


Un peu d’ethnographie. Les résidants juifs du secteur, de tradition orthodoxe hassidique, considèrent que la Loi de Moïse, qui interdit d’allumer un feu de cuisine le jour du Sabbat, s’applique également à tout ce qui est électrique : ils ne peuvent donc faire démarrer leur voiture entre le coucher du soleil du vendredi et celui du samedi (début et fin du sabbat). Donc, pas de ramassage de neige, puisqu’il leur faudrait alors déplacer leurs véhicules. Je laisse à d’autres le soin d’épiloguer sur ce qui se produirait si des catholiques intégristes (il y en a) ou des pentecôtistes rigoristes (il en est aussi) s’avisaient de ne pas tolérer le ramassage de neige le dimanche. (Pour ceux qui auraient oublié leur Petit Catéchisme, « toute oeuvre servile est interdite le Jour du Seigneur »). Ou si des musulmans de très stricte obédience en avaient ras le bol d’entendre l’appel du muezzin étouffé par le vacarme des souffleuses et des camions de dix tonnes le vendredi, jour sacré s’il en est.

Revenons à l’ethnographie. Je demeure depuis trente-trois ans sur la rue Jeanne-Mance, entre Fairmount et Saint-Viateur. Les juifs hassidiques constituent la vaste majorité des résidants de ce tronçon de rue, et pratiquent assidûment leur culte dans les deux synagogues qui y sont situées, de même que dans celle, toute proche, de la rue Hutchison. Ce sont les mêmes lieux de culte que fréquentent les Hassidim du quartier voisin d’Outremont.


Or, que se passe-t-il, en cette nuit d’hiver précoce et glacée? Quand la camionnette d’avertissement a fait retentir son pin-pon, mes frères hassidiques sont sortis dans la rue, en même temps que les catholiques, les protestants, les bouddhistes zen et les athées... et tous ont déplacé leurs voitures stationnées du côté ouest! Comme ils le feront demain, samedi, pour le côté est, toutes confessions confondues! J’attends un instant. Mais non, la foudre ne s’est pas abattue sur les demeures des hassidim impies. Aucune peste n’a frappé leurs enfants qui circulent gaiement sur les trottoirs, en transportant d’un foyer à l’autre de délicieux plats cuisinés enveloppés dans du papier d’aluminium. (Car, rappelons-le, on ne cuisine pas le samedi)


Je ne comprends pas. Yahvé serait-il plus intraitable envers ses fils d’Outremont qu’envers ceux du Mile-End, où je vis? Ou est-ce l’autorité municipale outremontoise qui est plus complaisante? Ah oui, j’oubliais un détail. Les Hassidim d’Outremont, qui comptent un bon noyau de diamantaires, sont riches, ceux du Mile-End, mes voisins, sont pauvres.


Pierre Beaucage
Anthropologue à la retraite

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Vous avez des commentaires à nous faire parvenir à la suite de la lecture du texte de M. Beaucage? Ne vous gênez surtout pas.

Nous en profitons pour vous rappeler que lundi soir (11 janvier 2010) se tient la première réunion du conseil d'arrondissement d'Outremont. Ça commence à 19h pile, au 530, avenue Davaar, juste derrière l'hôtel de ville. Venez y poser vos questions à la mairesse Cinq-Mars. Elle adore ça!


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Voilà une bonne preuve que certaines croyances des juifs-orthodoxes tiennent plus à la superstition qu'à une religion.
Ce que monsieur Beaucage dit dans sa lettre ne peut être plus clair. L'argent est bien plus important que n'importe quelle religion...
Ça me fait penser aux revenus soutirés via la ''cashérisation'' de nos produits alimentaires par ces mêmes sectes. Et non seulement de produits alimentaires. Le plus aberrant des exemples étant celui du ''papier de toilette'' portant un symbole casher ou kosher!!
J'aimerais qu'un résident ''goy'' d'Outremont pose la question suivante à un rabbin des lieux:
Quelle différence y-a-t-il entre mon postérieur et celui des juifs-orthodoxes?
Sa réponse sera sans doute: '' Mais vous êtes antisémite, monsieur!!'' Et la conversation s'arrêtera là.

Roland Berger a dit…

Riches et pauvres

C'est la hauteur du compte en banque qui fait que vous obtenez des privilèges ou non, toutes religions confondues, à Outremont ou ailleurs. Cette constatation, bien sûr, ne diminue en rien l'irritation des citoyens ordinaires aux prises avec tous ces nombrils qui croient avoir acheté le monde entier.