mercredi 23 mai 2012

HISTOIRES D'O... O comme dans Outremont

Pendant que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, accorde une subvention de 1 million de dollars à un rabbin hassidique d’Ottawa sans que celui-ci rencontre les critères gouvernementaux, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, se scandalise de l’exposition Sexe : L'expo qui dit tout présentée au Musée des sciences et de la technologie du Canada à Ottawa. (voir ma chronique du 5 décembre 2010)

Pour ajouter l’hypocrisie à la pudibonderie, Timothy Bloedow, l'adjoint du député conservateur Maurice Vellacott, en rajoute. Dans le site internet évangélique Christian Governance qu’il dirige, on exige que le Musée retire cette exposition, à défaut de quoi on exhorte le gouvernement fédéral à cesser de financer l'établissement.

Sous pression, la direction du Musée a retiré une vidéo qui abordait la masturbation. Non, mais… qu’est-ce qu’on en a à branler des états d’âme du gouvernement, des punaises de sacristie, des grenouilles de bénitiers et des mangeurs de balustres de toutes confessions?
 


Thomas Mulcair a crié à la censure et s’est scandalisé de la pruderie des pieux conservateurs. Pourtant, c’est ce même Thomas qui prête main-forte aux intégristes hassidiques chaque fois que cela peut lui rapporter des votes. Et Dieu sait que les ultraorthodoxes sont au moins aussi collets montés que peuvent l’être les fous de Dieu ou d’Allah lorsqu’il est question de sexualité.

Il y a 20 ans, le lobby hassidique avait réussi à convaincre les élus d’Outremont d’adopter un règlement interdisant le port du maillot de bain dans les parcs de la ville. Le règlement avait été contesté par un citoyen qui a eu gain de cause.



La plainte officielle contre les seins de béton
En 1999, c’est Pierre Chapuis (alors directeur du Service de l'aménagement urbain et du patrimoine) qui, à la suite d’une plainte d’un ultra-orthodoxe, obligeait le propriétaire de la croissanterie Le Figaro à faire disparaître les statues grecques qui décoraient sa terrasse. Dans sa lettre, l’ultra-orthodoxe, qui disait parler au nom de la « jewish community in Outremont », souhaitait procurer aux siens « a clean moral lifes » et implorait l’intervention des autorités afin de « Keep Outremont clean ». En gros, cachez ce sein de béton qu’ils ne sauraient voir!



Les deux affiches indécentes
En 2006 et 2007, une boutique bien en vue de la rue Bernard a subi le harcèlement et l’intimidation de membres de la communauté hassidique pour avoir apposé en vitrine deux affiches promotionnelles considérées « indécentes, dégradantes et inacceptables » aux yeux de certains ultrareligieux.  ( Voir notre mémoire pour la commission Bouchard-Taylor, page 57)

Alerte rouge à Outremont
Il y a deux ans, un vendredi soir avant le coucher du soleil, la Sécurité publique d’Outremont a jugé la plainte d’un citoyen à ce point importante qu’elle a dépêché une voiture de patrouille près de la rue Bernard. Un agent a frappé à la porte de cette famille francophone et a sommé la maîtresse de la maison de… retirer de la corde à linge les sous-vêtements féminins qui séchaient dans la cour arrière. « Vous choquez vos voisins, madame. » Pensez donc; des bobettes au vent, un jour de sabbat!

Certains pourraient répliquer que ce qui a pu se passer il y a plus de deux ans relève de l’histoire ancienne et que, depuis lors, les choses ont bien évolué. Nous aimerions bien leur donner raison. Hélas, il semble que plus ça change, plus c’est pareil.


Nous avons appris qu’un autre commerce de la rue Bernard a récemment vécu un incident qui s’apparente à ce qu’avait connu en 2006 et 2007 cette autre boutique située sur la même artère. Cette fois, c’est un rabbin hassidique qui ne supporte pas les posters pourtant aussi inoffensifs que de bon goût qui garnissent la devanture de la boutique.


Puisqu’aucune autre maison ne souhaite parler ouvertement du problème, les propriétaires de ce commerce préfèrent ne pas faire de vagues. Entre temps, la clientèle hassidique semble s’être volatilisée. Qui sait. Peut-être ce rabbin ne lèvera-t-il l’embargo que lorsque les propriétaires se seront recyclés dans la confection de papillotes et téfilines?


S’ils ne craignaient pas les représailles, combien seraient-ils à nous raconter ce genre d’histoires d’O? O, comme dans Orthodoxe!

 
Tiens! Pour finir, un petit conseil pour les administrateurs du Théâtre Outremont.

Si jamais l'envie vous prenait de projeter ce film érotique inspiré du roman de Pauline Réage, ne placez pas cette affiche en vitrine. Vous pourriez recevoir de la visite pas très catholique.

1 commentaire:

Nicole Audette a dit…

Les bonnes intentions pour sauver la vertu ne manquent pas. Malheureusement, en ce qui concerne ce dossier, les plaignants ne semblent pas réaliser que les jeunes ont vraiment besoin d'être informés, car la pornographie, qui est partout, se charge depuis longtemps de les déformer. Les très jeunes garçons et filles peuvent se nourrir d'images et de films qui ne font que démontrer le côté déshumanisant de la sexualité. Quand à l'Érotisme, n'en parlons pas, elle n'existe pas dans tout ce qui est accessible aux jeunes et aux moins jeunes, femmes ou hommes.

J'écoutais une entrevue à la radio avec les responsables de cette exposition qui disait justement avoir consulté des professionnels, sexologues et autres, afin de présenter un produit de qualité.. J'ai entendu un extrait de ce qu'on enseigne dans cette exposition. Le ton humoristique avec lequel les réalités de la vie étaient présentées m'ont émerveillée.

Ce n'est pas ce genre d'exposition qu'il faut dénoncer, bien au contraire, car tant qu'à vivre dans une société hypersexualisée, mieux vaut rapporter les faits de manière respectueuse et scientifique. Ma profession me démontre si souvent les méfaits de l'ignorance sexuelle et de la pornographie.

Faisons preuve de réalisme et de maturité.

Nicole Audette,
sexologue et psychothérapeute