vendredi 3 juin 2016

DE LA COUCHE AU LINCEUL



À deux jours d’intervalle, la réalité des carences éducatives de centaines d’enfants et d’adolescents hassidiques (autant filles que garçons) frappe encore et toujours notre imaginaire sous la forme de reportages radio et télévisés et d’articles publiés dans tous les grands médias du Québec et du Canada.


Des adolescents de l'école illégale évacuent les lieux, leurs étuis à tephillins sous le bras. Photo: Maxime Deland/Agence QMI

Cela a beau faire plus de dix ans que le phénomène est connu et dénoncé, plus ça va, moins ça change. Chaque fois, le ministre de l’Éducation du moment se donne des airs de pit-bull pour les caméras de télé. Mais une fois le clip terminé et les projecteurs éteints, les Jean-Marc Fournier, Michelle Courchesne, Marie Malavoy, Yves Bolduc, François Blais et maintenant Sébastien Proulx font ce qu’ils ont toujours fait : nada! Tous ont prouvé qu’ils sont des pit-bulls avec un dentier sans Polygrip. Si vous préférez les histoires de minous, disons que nous élisons des chats dégriffés, voire carrément castrés. (Écouter l'entrevue que j'ai accordée à Benoît Dutrizac, hier après-midi. Elle est précédée d'un extrait du ministre Proulx.)

Interviewé sur les ondes de Radio-Canada, le ministre Proulx se dit ravi que la communauté juive «tente de se conformer à la loi» et émet son vœu pieux du jour : «Mon souhait, c'est qu'on s'assure que si ces jeunes filles-là sont scolarisées avec la commission scolaire à la maison, que ce soit une vraie scolarisation… ».


N’attachez pas vos kippas avec de la broche, les boys, ça ne risque pas de brasser trop trop dans vos écoles religieuses. Déjà qu’il y a plus d’un an, le prédécesseur de Sébastien Proulx avait juré un «suivi approprié dans les meilleurs délais». Nous apprenions pourtant hier matin dans Le Devoir que le ministère n’était même pas capable d’expliquer quel suivi a été fait dans ce dossier au cours de la dernière année.
 
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que contrairement à ce que les libéraux avaient annoncé en 2009, non seulement le gouvernement n’a pas tiré la «plug» sur les subventions accordées aux écoles illégales, mais il les a augmentées! Petits et grands rabbins de nos sectes locales pouffent de rire.

Même Mindy Pollak, la conseillère hassidique de Projet Montréal dans Outremont, doit se taper les cuisses. Elle appartient aux Vizhnitz, cette secte dont l’école clandestine située au coin de Parc et Beaubien a été investie avant-hier par la DPJ avec le soutien tactique et logistique des forces de l’ordre.

Policiers faisant le guet autour de l'école clandestine, mercredi matin. N'ajustez pas votre appareil. Vous lisez bien Gaza mon amour sur l'affichette collée sur le lampadaire. Comme quoi, il ne faut jamais perdre espoir. Photo: Maxime Deland/Agence QMI

Les gens qui ne savaient pas ce qui s’y passait ont peut-être cru au démantèlement d’une serre hydroponique dans un bunker des Hell’s Angels. Ils se trompaient. Il s’agissait plutôt d’une serre idéologique où l’on administre des surdoses d’opiacés confessionnels pour engourdir les petits cerveaux des enfants ultraorthodoxes (visionner le reportage de TVA).

La conseillère Pollak semble n’éprouver aucun malaise à voir ces milliers d’enfants (60 ans d’écoles illégales multipliés par des centaines d’enfants par années!) se faire lessiver le ciboulot du matin au soir, sept jours par semaine et au détriment d’un enseignement des matières dites «profanes» qui leur permettraient de devenir maîtres de leur destinée et en mesure de contribuer pleinement à la société qui les a accueillis si généreusement. 



Le 29 mai 2016: M. Abraham Ekstein, «Star» du jour de la page Facebook Friends of Hutchison Street fondée par la conseillère Pollak de Projet Montréal.

Au contraire, dans la page Facebook qu’elle a cofondée en 2011 pour diffuser la propagande des dirigeants hassidiques, Mindy Pollak est allée jusqu’à consacrer «Star du jour» un représentant hassidique qui aurait ses enfants non pas dans une, mais bien dans deux écoles illégales différentes! Et elle ose parler de «sévère atteinte aux droits et libertés fondamentaux» à propos du règlement qui limite l'établissement de nouveaux lieux de cultes sur les avenues commerciales Laurier et Bernard alors qu'elle donne son assentiment à cette pratique qui consiste à maintenir les membres de ces sectes immergés dans une saumure de dévotion ostentatoire depuis la couche jusqu’au linceul. Faudra qu'on m'explique.

Pour sa part, Alex Werzberger, un des membres du triumvirat qui m’a poursuivi abusivement pendant des années, trouve que l’arrivée de la DPJ dans cette école clandestine n’est pas… démocratique! Tiens donc! Il prétend même que cela aurait traumatisé les enfants. 


Chouette! La police. Il faut voir les photos prises des enfants tout excités par l'activité inhabituelle pour comprendre que les traumatisés ne sont pas nécessairement ceux que l'on pense. Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Dans un des reportages présentés ces derniers jours, on a donné la parole à un homme qui aurait un rôle à jouer dans cette école. Lui, nous concevons qu’il puisse avoir été choqué de voir les forces de l’ordre débarquer et encercler l’établissement. Il faut dire qu’au début des années 2000, il a vécu une expérience personnelle particulièrement traumatisante. Le pauvre homme avait été déporté manu militari vers les États-Unis où il a été condamné à la prison pour une fraude de plusieurs millions de dollars.

Mais si vous voulez vous faire expliquer ce que c’est qu’une expérience vraiment traumatisante, parlez plutôt à M. Yohanan Lowen, cet ex-membre de la secte hassidique de Boisbriand qui poursuit le gouvernement du Québec dont l’inaction crasse l’a condamné à être privé d'une éducation digne de ce nom. C’est ni plus ni moins un cas de non-assistance à personne en danger. Il s’agit en fait d’une forme de pure maltraitance. Visionner l'entrevue que M. Lowen a accordée à Vice, le 31 mai dernier


 

Selon Yohanan, si trop peu de gens désertent la secte, c'est qu'ils ont peur d'être coupés de leurs familles et privés de leurs enfants. Pour ne rien arranger, en raison de leurs incroyables lacunes éducationnelles et de l'isolement qui leur a été imposé depuis leur naissance, les candidats à la défroque sont conscients qu'en quittant leur milieu, ils se retrouveront  perdus dans ce monde qui leur est totalement étranger. Et ce sont les dirigeants hassidiques qui vont nous faire la leçon sur ce que sont les droits fondamentaux? Ils ont vraiment du front tout le tour du schtreimel!

Voici l'allure extérieure de l'école clandestine. Alors que les vitrines de la façade sont tapissées de matériaux hétéroclites grossièrement collés à la colle uréthane,  la cour arrière, délâbrée, vient d'être munie d'un espèce d'enclos (flèche rouge) destiné à parquer les enfants. La qualité de vie à son meilleur!


Pour terminer sur une note plus joyeuse, deux petites devinettes.


Selon le rôle d'évaluation de la ville de Montréal, savez-vous quel est l'utilisation prédominante de l'immeuble abritant l'école clandestine? «Entreposage de tout genre». Ça ne s'invente pas!

Sauriez-vous nous dire où est enregistrée l’entreprise qui est propriétaire du même immeuble? Au siège social du Groupe Rosdev, la multinationale milliardaire de ce bon vieux  Michael Rosenberg qui m’a poursuivi devant les tribunaux pendant 7 ans et demi pour tenter, en vain, de me faire taire. Le monde est vraiment petit, vous ne trouvez pas?

1 commentaire:

Raymond Masson a dit…

On a appris dans les reportages télévisés concernant ces écoles hassidiques clandestines que c'est la Commission scolaire English Montreal (CSEM) qui a reçu le mandat d'évaluer le rendement des cours de français, d'anglais, de mathématiques, de géographie et autres donnés à la maison par les parents des enfants hassidiques qui ne reçoivent le jour que des cours d'instruction religieuse.

Est-ce à dire que si, au bout de l'année, la CSEM évalue que les enfants ont reçu une éducation de qualité dans toutes les matières dites profanes du curriculum, elle leur décernera des diplômes comme s'ils avaient fréquenté une école conventionnelle ?

Cela aura-t-il pour conséquence d'accorder à chacun de ces enfants les mêmes privilèges d'accès au réseau d'éducation publique anglophone pour la suite de leurs études, et d'étendre également ce privilège à chacun de leurs frères et sœurs de même qu'à la descendance éventuelle de toute cette génération ?

Bref, cette supervision de l'école à la maison par la CSEM est-elle une façon de contourner les dispositions de la Loi 101 qui restreint le droit à l'éducation en anglais aux seuls enfants dont l'un des parents a reçu la majorité de son éducation primaire en anglais au Canada ? Or, si les parents de ces enfants ont eux aussi été privés d'une éducation en anglais dans une école conventionnelle, ils ne pourraient légalement léguer ce privilège à leurs enfants.

En d'autres mots, le ministère de l'Éducation du Québec est-il en train de transformer les écoles juives illégales en autant d'écoles passerelles, sans que personne, semble-t-il, ne semble s'en préoccuper ?
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